En ces périodes de forte chaleur au Tchad, l’on se rend compte que l’habitat ne correspond pas aux réalités du pays. Les maisons manquent d’aération et ne peuvent absorber les chocs thermiques entre le jour et la nuit.
« C’est à N’Djamena qu’il fait le plus chaud aujourd’hui, 45 degrés à l’ombre », aimait répéter feu Laurent Sadou, présentateur vedette d’Afrique Midi sur la Radio France Internationale. En ce moment, aux alentours de midi, les chambres et les salons deviennent insupportables le jour parce qu’elles manquent d’aération et la nuit parce qu’elles dégagent la chaleur absorbée durant la journée. Face à ce constat, la solution pourrait venir de la révision de l’architecture des maisons ainsi que les matériaux par lesquels elles sont construites.
Pour Hayatte Ndiaye, architecte, « la plupart de nos maisons sont inadaptées à notre contexte climatique, environnemental etc. ». A cet effet, cette inadéquation a un impact significatif tant sur l’aspect qualitatif des constructions que sur leur capacité à offrir un cadre de vie décent tout en assurant le bien-être.
Alors, si l’habitat ne correspond pas à celui qui s’adapte à l’environnement, le repenser serait nécessaire. Dans ce sens, cet habitat doit être pensé localement par nous-mêmes au lieu de subir les « assauts des firmes multinationales, vendant des concepts et produits clé en main », tel est le point de vue de l’architecte Hayatte Ndiaye. Pour elle, notre habitat doit nous ressembler et tirer la source de son inspiration de nos réalités quotidiennes. Comme ce fut le cas jusqu’à une époque récente où les maisons sont connues à travers leur architecture entre autres : de murs en terre crue de grande épaisseur pour absorber les chocs thermiques entre le jour et la nuit ; de petites fenêtres en hauteur pour une ventilation naturelle ; des toitures en chaume ou en terre crue (plates voûtées ou en dôme).
Vouloir repenser l’architecture tchadienne passe nécessairement par les matériaux utilisés pour la construction. Ainsi, la maison tchadienne du futur doit s’inscrire dans la durabilité « par l’utilisation des matériaux locaux ». Notre architecture a, selon Hayatte Ndiaye, « besoin de retrouver son identité historique et culturelle ». Même si elle est appelée à évoluer vers la modernité, « l’habitat au Tchad devra être à mesure de relever les défis actuels de la modernité, de l’urbanité et de la ruralité.
Par ailleurs, les matériaux qui doivent constituer l’habitat du futur doivent être disponibles, à moindre coût, faible en empreinte carbone. Ils doivent être bio-sourcés. C’est de cet habitat que défend Hayatte Ndiaye.