Lancée le 14 avril 2024, la campagne électorale bat son plein. Les candidats à l’élection présidentielle, ou du moins certains d’entre eux, ne s’arrêtent pas sur leurs programmes de société. En effet, au lieu de se contenter de détruire le projet politique d’un adversaire pour offrir mieux, les candidats tchadiens se laissent aller à des joutes verbales, parfois très graves, comme des adolescentes effarouchées et au mauvais jour.
Les piques se font de plus belle entre les candidats, surtout entre le trio le plus visible : Transformateurs, Coalition pour un Tchad Uni et RNDT – Le Réveil dit Coq blanc. Tout a commencé quand, par un samedi ensoleillé dans les sables de la ville de Mao, Mahamat Zen Bada, directeur de campagne de la coalition pour un Tchad Uni, a lancé cette phrase provocatrice : « Il y a des gens qui ont essayé de suivre ce qu’on fait. Arrivés à Abéché, ils n’ont plus de carburant. Ils montent le Rakcha ».
Le candidat de la Coalition pour un Tchad Uni, Mahamat Idriss Déby Itno ne rate pas également ses adversaires. « 45 jours de stage à Harvard, ça leur tourne la tête », a-t-il déclaré. Et à Masra Succès de répondre : « je les attends pour un débat, projet de société contre projet de société, sans livre, sans pré-enregistrement ». Entre temps, l’ANGE se soucie d’une escalade verbale et appelle à une modération dans les propos et un peu de bonne mémoire, mais le duo populaire, MS7 et MIDI, n’en a cure. L’un attaque et l’autre contre-attaque.
« Ils veulent être Président, mais dès qu’il y a un coup de feu, ils fuient. Et ils se cachent dans les ambassades dès qu’il y a de gaz lacrymogène », déclare avec ironie Mahamat Idriss Deby Itno. Mais Masra a également sa balle, il la lance avec plaisir : « Il y a un logo célèbre que les gens ont caché, celui qui contient un fusil pour nous tuer, un feu pour nous brûler et une houe pour faire un trou et y enfouir notre cadavre ». Aucun Tchadien n’a besoin de plus d’explication. Il s’agit du logo du Mouvement Patriotique du Salut (MPS).
Aussi, il faut rappeler que Pahimi Padacké Albert n’a pas épousé la retenue, lui non plus. Il montre que perdre sa langue ne se fait pas en politique. Il contre-attaque Mahamat Zene Bada qui a fait savoir que s’il y a un candidat parmi les dix à avoir accès au paradis, c’est bien MIDI : « Si c’est lui qui a la clef du paradis, nous préférons aller en enfer. Ce paradis n’est certainement pas le bon », a martelé le Chef du Coq blanc.
Mais la provocation ne s’arrête pas là. Lors de sa sortie à Pala, Mahamat Idriss Deby Itno enchaîne : « Il paraît qu’il y a un coq à Pala, je laisse le chef de mission s’occuper de lui ». Une phrase que le concerné ne laisse pas passer. « Il oublie que son chef de mission est une graine dans une calebasse que le coq a déjà picorée », réplique Pahimi Padacké Albert.