L’Union des Républiques d’Afrique Centrale : l’histoire oubliée d’une ambition panafricaine

Ph DR

En 1960, à la veille des indépendances africaines, un projet ambitieux voit le jour en Afrique centrale : l’Union des Républiques d’Afrique Centrale (URAC). Imaginée comme une fédération regroupant le Congo, le Gabon, le Tchad et la Centrafrique, l’URAC devait permettre à ces territoires de déclarer leur indépendance de manière collective, formant ainsi un bloc uni face aux défis politiques et économiques de l’après-colonisation.

Inspirée par des initiatives comme la Fédération du Mali, cette ambition s’inscrit dans un contexte où l’idée de regroupements régionaux semblait avoir le vent en poupe. Pourtant, dès ses débuts, l’URAC trébuche. En mai 1960, lors d’une conférence à Fort-Lamy (aujourd’hui N’Djaména), le Gabon refuse d’adhérer, invoquant des particularismes historiques et économiques. Les trois autres États poursuivent le projet, mais en vain. En août de la même année, chacun proclame son indépendance individuellement, enterrant de facto l’idée d’une union politique.

L’URAC ne survivra que sous la forme d’une simple coordination douanière, une structure bien éloignée des ambitions initiales. Comme d’autres projets similaires de l’époque, elle illustre les tensions entre les idéaux panafricains et les réalités des jeunes États, souvent divisés par des intérêts nationaux divergents.

Cependant, si l’URAC n’a été qu’un épisode éphémère, elle témoigne d’un idéal qui persiste. Aujourd’hui, des organisations comme la CEMAC ou la CEEAC reprennent, sous des formes différentes, les aspirations d’intégration régionale portées par l’URAC. Ces institutions, en promouvant la libre circulation, une monnaie unique ou des politiques douanières harmonisées, tentent de dépasser les divisions historiques qui avaient condamné les premiers regroupements.

L’histoire de l’URAC, bien qu’éphémère, met en lumière les dilemmes d’une unité africaine encore entravée par des intérêts nationaux divergents. Elle rappelle que l’intégration régionale reste un projet inachevé, oscillant entre ambitions collectives et réalités politiques locales.

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