« Le cours magistral » de Kebzabo aux gouverneurs

Aucun gouverneur des 23 provinces n’a manqué à l’appel. N’Djaména, le 3 février 2023, la 5ème édition de la conférence des gouverneurs a démarré au Palais des Arts et de la Culture. L’évènement hybride est organisé par le ministère en charge de l’Administration du Territoire, de la Décentralisation et de la Bonne Gouvernance, avec pour thème : « les chefs des unités administratives face aux défis » de la refondation du Tchad, réconcilié et uni. Les gouverneurs dans les recommandations finales, ont fait mention de la compétence, du renforcement humain, du traitement, du maintien pendant un délai, des moyens techniques et financiers, des dotations, des infrastructures, de la délimitation des unités, de la tenue de cette rencontre chaque 2 ans etc.

Prenant en compte, à bras le corps ces recommandations dites de N’Djaména, le 5 février 2023, le chef du Gouvernement de la Transition, Saleh Kebzabo a fait un discours digne d’un professeur d’université, face à ses étudiants dans un amphithéâtre. Dans son allocution, il a appelé les gouverneurs à plus de responsabilité dans l’exercice de leurs fonctions. Il a martelé qu’un gouverneur n’est pas n’importe qui. « Vous devriez être au-dessus de la crème. Incarnez les valeurs d’unité nationale. Ecoutez les plaintes de vos sujets. Ne minimisez personnes et prenez tout au sérieux », a-t-il insisté. Dans son adresse à la clôture des assises, il a relevé que les gouverneurs sont sensés être des hommes de droiture, de justice et que son Gouvernement va leur apporter son soutien et répondre à tous leurs besoins.

Saleh Kebzabo a aussi souligné que les gouverneurs des provinces peuvent parler librement pour que les choses changent. En plus des remontrances dans la gestion des conflits agriculteurs-éleveurs, la question de la corruption n’a pas été écartée. C’est un cours magistral que le chef du Gouvernement dit d’union nationale a dispensé aux 23 gouverneurs des provinces du Tchad, qui en sont visiblement satisfaits, en attendant l’applicabilité.

Rappelons que l’évènement a attiré des panelistes chevronnés et de haut niveau, issus du Gouvernement, des universités, du secteur privé, en plus des gouverneurs des 23 provinces du Tchad. C’est une première en cette phase 2ème de la transition. En décidant de convoquer en conférence les gouverneurs pour discuter des grands problèmes que pose l’administration de nos provinces, le ministère en charge de l’Administration du Territoire a voulu renouer avec les anciennes habitudes. L’intérêt de cette conférence est qu’elle nous éclaire à la fois sur la gestion de nos provinces, sur la politique de gouvernance et économique. La promotion des élites locales, le financement public et l’élimination des effets parasitaires étaient au rendez-vous.

Même le chef de l’Etat qui a officié l’ouverture des assises de cette 5ème édition s’est basé sur le fait que ces assises sont un cadre pour harmoniser les politiques entre les provinces et le Gouvernement central. Organisée cette année dans un contexte de transition, ce rendez-vous a été également une occasion pour les gouverneurs d’exposer leurs problèmes et ceux de leurs ressorts administratifs. Le président de la République s’est d’ailleurs montré critique à l’égard des gouverneurs, pointant notamment du doigt les problèmes de gestion des ressources mises à la disposition des provinces. Il a aussi épinglé le déficit dans la mobilisation des ressources au niveau des provinces.

Des beaux discours, oui, mais la réalité reste à déterminer. Ouvrir les yeux sur cette réalité en agissant d’une main de fer sur les questions de gouvernance provinciale, exige en amont un moratoire sur les cahiers de charges et le temps d’un règlement définitif de la question. Dans un souci de justice sociale, d’équilibre sociétal, de solidarité universelle et d’humanité, c’est la responsabilité première de toute gouvernance centrale d’agir. C’est le rôle de l’État. C’est son devoir d’ouvrir les chemins du dialogue partout où les hommes se dressent contre leurs conditions, s’indignent des injustices qu’ils subissent et appellent à plus de respect. Les « chiens » ne se taisent plus et la messe a été dite lors de ces assises.

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