Les prix du carburant sont revus en hausse dans tout le Tchad, mais la ville de Bongor fait exception. Ravitaillé par le Nigeria via la ville camerounaise voisine de Yagoua, le chef-lieu de la Province du Mayo Kebbi-Est vend un litre d’essence à 600 FCFA, alors que celui du gasoil augmente de plus belle, le litre coûte 1000 FCFA.
Il est 7 heures du matin, les abords du Logone sont déjà de plus en plus agités. Les piroguiers, pour la plupart jeunes, déposent des centaines de bidons de 25 litres sur les côtes tchadiennes. Du super nous informe l’un d’eux. Le carburant est en hausse depuis un certain temps, mais Bongor semble plutôt se soucier du gasoil qu’il ne consomme que peu visiblement. Les commerçants semblent se retourner vers l’essence du Nigeria. Parce que, dit-on, celui du Tchad ne vient ici que rarement et cher pour leurs petites tables.
« Il faut se mettre à 4 pour faire venir une citerne de N’Djamena et distribuer le contenu entre nos stations », nous informe Idriss, un distributeur. Mais ici, nous trouvons l’essence du Nigeria, dit-il. « Nous appelons nos fournisseurs du fleuve Logone et nous prenons un bidon de 25 litres à moins de 15000 FCFA ». Pour lui, ce super du Nigeria est à leur portée et moins cher contrairement à celui du Tchad. « Nous l’achetons à Yagoua et nous en vendons ici », ajoute-t-il.
À Bongor, un litre d’essence se vend généralement à 600 FCFA. Les stations Total et Amana, que Le N’Djampost a visitées, vendent un litre à 730 FCFA et celle des Hydrocarbures du Tchad est totalement fermée. « Ce qui fait que les consommateurs se détournent du super tchadien et achète ce que nous importons du Nigeria via la ville de Yagoua », nous confie le commerçant Idriss.
Amos Yangvang, un autre commerçant, nous indique que le Nigeria, à travers le trajet Bongor via Yagoua du Cameroun, est le seul fournisseur crédible depuis l’augmentation des prix du carburant au Tchad. « Nous ne comptons presque pas sur le carburant tchadien, du moins le super. Surtout qu’un litre du Gasoil coûte 1000 FCFA ici à Bongor. Nous ne pouvons pas permettre que le super se vende ainsi. Car la ville consomme trop du super comme dans les grandes villes du pays », laisse-t-il entendre.
Aussi, le gasoil reste inaccessible pour des raisons que nous ignorons, informent les commerçants. Bongor vend du tas, la vente nécessite une certaine quantité liée également aux capacités économiques. Le fait est aussi que ces commerçants vendent le carburant le plus accessible et le plus demandé sur le marché.