Depuis quelques années, les perruques ont connu une véritable révolution. Leur accessibilité et leur variété séduisent de plus en plus de femmes, offrant une solution rapide et esthétique pour changer de style. Mais derrière cette popularité croissante se cache une réalité inquiétante : l’impact économique et culturel sur les salons de coiffure et les traditions ancestrales.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon des commerçants locaux, les ventes de perruques auraient doublé en cinq ans. Faciles à poser, réutilisables et moins coûteuses à long terme, elles s’imposent comme une alternative de choix face aux coiffures traditionnelles. Pour Amina, propriétaire d’un salon de coiffure à N’Djamena, la tendance est alarmante : « Avant, les femmes venaient chaque semaine pour se tresser ou se coiffer. Aujourd’hui, elles achètent une perruque et ne reviennent plus avant des mois. Mes revenus ont chuté de 40% », dit-elle.
Au-delà de l’impact économique, c’est également un patrimoine culturel qui tend à disparaitre. Les coiffures traditionnelles, souvent transmises de génération en génération, sont délaissées au profit de styles standardisés importés. Fadima, une artisane des tresses traditionnelles, exprime son désarroi : « Nos coiffures racontent notre histoire, notre identité. Avec les perruques, cette richesse disparaît peu à peu », se désole-t-elle.
Malgré ces critiques, les perruques restent prédominantes, notamment par les jeunes femmes. Pour elles, c’est une solution pratique et moderne qui permet de jongler avec les styles. Leïla, étudiante de 22 ans, témoigne : « Je n’ai pas le temps de passer des heures au salon. Avec une perruque, je change de look en quelques minutes, et c’est beaucoup moins cher ».
Face à cette mutation, les professionnels du secteur cherchent des solutions. Certains salons se diversifient en proposant la vente et l’entretien de perruques. Mais est-ce suffisant ? Pour Amina, cela reste un défi. « Nous devons nous adapter, mais cela demande des investissements que tout le monde ne peut pas se permettre », dit-elle.
Si les perruques révolutionnaires répondent à une demande croissante de simplicité et de modernité, elles posent des défis majeurs pour l’économie locale et la préservation des traditions. Une réflexion collective s’impose pour trouver un équilibre entre modernité et héritage culturel.
Ousmal Jumelia