Compensation des victimes de Habré : HRW dénonce des discussions « étouffées »

Ph André Kodmadjingar

Human Rights Watch a appelé vendredi, 04 octobre 2024, le pouvoir tchadien à « finaliser le processus de compensation » des victimes du régime de l’ex-dictateur Hissène Habré au lieu d’« étouffer les discussions » sur le sujet.

Le 02 octobre, l’avocat américain Reed Brody, venu à N’Djamena présenter son ouvrage sur la « traque » judiciaire de l’ancien président et animer une conférence sur la demande de justice des victimes, a été interpellé et mis dans un avion pour Paris après deux heures d’interrogatoire. « Au lieu d’étouffer les discussions à ce sujet, le gouvernement devrait finaliser le processus de compensation totale aux victimes d’Habré qui souffrent depuis longtemps », dénonce HRW dans un communiqué.

« La décision de bloquer la tenue de la conférence illustre à quel point certains responsables gouvernementaux font la sourde oreille aux critiques de la situation passée des droits humains dans le pays – et refusent d’en tirer des leçons – ainsi qu’à leurs promesses de compensation aux victimes », poursuit l’ONG.

Plus de 10.000 victimes ou parents de victimes ont commencé à recevoir en février dernier une indemnisation du gouvernement prévue par décision judiciaire. Une enveloppe de 10 milliards de FCFA (environ 15,2 millions d’euros) a été débloquée pour 10.700 « rescapés de prison et familles de ceux qui ont été tués sous le régime de Habré » soit environ 925.000 FCFA (1415 euros) par victime. Une somme qui « représente moins de 10 % des montants accordés par les tribunaux sénégalais et tchadien », s’indigne HRW.

L’ONG pointe aussi d’autres manquements : le fonds d’indemnisation de l’Union Africaine, créé pour les victimes à l’issue du procès de Dakar, n’est  « toujours pas opérationnel », et rien n’a avancé pour la création d’un monument et d’un musée en hommage aux victimes.

Des ONG nationales et internationales dénoncent régulièrement des « violations des droits humains » et la « répression », parfois sanglante qui persiste au Tchad. Mi-septembre, l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) a pointé une multiplication des arrestations et des détentions hors procédures par les services de renseignements tchadiens.

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