Bénin : la menace djihadiste s’intensifie, mais Cotonou riposte

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Les attaques se multiplient depuis le début de l’année 2025 entre les groupes djihadistes et l’armée béninoise. Cette dernière a riposté et le gouvernement béninois reçoit le soutien de ses partenaires traditionnels que sont les États-Unis et l’Union européenne.

Le 8 janvier dernier, une attaque du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda, dans la zone dite du Point Triple, près de la frontière du Niger et du Burkina-Faso, faisait 28 morts parmi l’armée béninoise. Ces soldats appartenaient au dispositif de riposte antiterroriste Mirador. La plus lourde perte depuis le déploiement de cette opération. Les plaies n’étaient pas
encore refermées que le 15 février, ce sont encore six soldats béninois qui tombaient sous les balles des djihadistes dans le parc national du W, près de la ville de Banikoara, (Nord-Est du pays).

En juillet 2024, cinq gardes forestiers et sept soldats avaient déjà été tués à cet endroit. La menace est toujours réelle : les forces de sécurité béninoises ont été victimes de deux attaques à l’engin explosif improvisé, le 24 février à Yangouali et le 26 février à Kantoro. Les militaires affirment avoir neutralisé plusieurs terroristes en réaction et déplorent dans leurs rangs un soldat tué et des blessés. Selon une source diplomatique, pas moins de 121 militaires béninois ont été tués entre 2021 et décembre 2024 suite à des affrontements directs avec les djihadistes. Les représailles des attaques de janvier et février ont été immédiates. Les forces armées locales ont poursuivi les assaillants, leur causant de lourdes pertes : 40 tués dans les premières représailles et 17 dans la seconde.

Proximité affirmée

Le gouvernement de Cotonou n’entend pas céder à la menace, appuyé par plusieurs partenaires, notamment européens et américains. Le Bénin a ainsi conclu, le 22 janvier, un nouvel accord de coopération militaire avec les Américains. Le document qui engage les deux parties pour cinq ans, a été paraphé du côté béninois par Armand Fortunet Nouatin, ministre délégué chargé de la défense nationale et côté américain par le général de brigade George Dietrich.

Cet accord porte sur l’acquisition et l’assistance mutuelle entre l’armée béninoise et le commandement de l’armée américaine pour l’Afrique (US AFRICOM). « Il est basé sur le renforcement de l’interopérabilité, l’état de préparation et l’efficacité des forces armées béninoises et américaine », indique le communiqué final. Cet accord doit faciliter « le soutien logistique réciproque à l’occasion des manœuvres conjointes, de la formation des troupes et de leur déploiement dans les opérations. L’appui en approvisionnement et de service en des circonstances ou situations critiques imprévues n’a pas été occulté. », a indiqué Armand Fortunet Nouatin. Cet accord vient concrétiser une proximité déjà affirmée par les États-Unis. En novembre 2024, l’ambassade américaine avait donné à l’armée 12 véhicules blindés de transport de troupes, 280 plaques balistiques et 35 radios tactiques, pour une valeur estimée à plus de 6 millions de dollars.

C’est d’une manière toute officielle que l’armée béninoise a reçu le 6 mars dernier un avion militaire de la part de l’Union européenne (UE). Cet « avion léger de surveillance et de reconnaissance », de type Cessna Caravan C208B, permettra de « renforcer les capacités de la force aérienne », a précisé l’ambassadeur de l’UE au Bénin, Stéphane Mund. « L’avion, par les
renseignements collectés, appuiera les décisions opérationnelles »
, a-t-il ajouté. Ce Cessna a été cédé dans le cadre de la Facilité européenne pour la paix, une aide militaire dont Cotonou bénéficie depuis 2023, pour un montant total de plus de 47 millions d’euros.

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