80 ans après des massacres, une marche en Algérie réclame des excuses de la France

Ph TF1 Info

« La France doit reconnaître ses crimes »: des milliers d’Algériens ont marché jeudi à Sétif pour commémorer le 80e anniversaire de la répression sanglante par la France des manifestations indépendantistes du 8 mai 1945, exigeant des excuses de l’ancienne puissance coloniale.

« Ce jour-là, le 8 mai, c’était un mardi. J’avais 17 ans à l’époque. Les gens étaient heureux partout dans le monde. Ici, nous avons été massacrés », raconte à l’AFP Saad Maabed, 97 ans, empruntant le même parcours que 80 ans plus tôt.

Le 8 mai 1945, alors que la France célébrait la victoire des démocraties sur le nazisme, des manifestations indépendantistes eurent lieu à Sétif, Guelma et Kherrata, trois villes de l’est de l’Algérie où des nationalistes défilèrent, drapeaux algériens à la main. Elles furent brutalement réprimées par les forces coloniales, faisant des milliers de morts : 45.000 selon les Algériens, de 1.500 à 20.000 morts selon les Français.

« Les faits sont les faits. Dans le quartier de Boumarchi, ils avaient installé des mitrailleuses près du pont afin que personne ne s’échappe », se remémore M. Maabed. « Jusqu’à maintenant, je cherche l’endroit où mon père fut tué et enterré. Que ce soit dans ce trou ou ceux qu’ils ont creusé pour les jeter dedans », explique Houas Serraï, un autre manifestant de 74 ans.

Depuis son instauration en 2020, l’Algérie célèbre la « journée de la mémoire », le 8 mai 1945.

Une grave brouille diplomatique oppose actuellement Alger et Paris sur divers dossiers dont le renvoi de France d’Algériens indésirables et la détention à Alger depuis novembre de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal.

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