Trafic routier : quand le sens interdit devient « normal »

Dans la capitale tchadienne, les routes principales bitumées créent des circonstances particulières bien difficiles. C’est dans cette lignée que les usagers s’adonnent à des pratiques assez dangereuses. Les axes Rue de 50m de Goudji, Champs de fils, Zongo et Dembé-Ghazala, ont fait du sens interdit « une nouvelle norme ».

La saison des pluies a dégradé plusieurs rues de la capitale tchadienne. Au-delà de celles des différents quartiers, des axes principaux se voient couverts d’eau immobile. Les usagers, conscients de la dégradation de ces routes, préfèrent emprunter le sens interdit.

« Nous sommes obligés de partager le côté retour de cette route Tacha Moussoro-rue de 50m. Il s’agit d’une route dévastée et vieille. Nous allumons nos phares afin de montrer aux usagers du côté retour que nous sommes en sens inverse. Ils comprennent, car nous sommes nous-mêmes sur le côté retour le soir et on laisse cela passé », déclare un commerçant du grand marché qui emprunte la rue de 50m.

Plus loin, dans les environs du quartier Paris Congo et Dembé, les motocyclistes et les chauffeurs de voitures se partagent également un sens, car l’inverse est absolument impraticable. Malgré leurs vitesses parfois exagérées, dès qu’ils arrivent à ce passage dégradé, la plupart des conducteurs ralentissent instantanément.

« Nous sommes habitués à conduire sur des axes non divisés, ou du moins départagés par des flèches en peinture. Alors, je ne sais pas ce qui va nous empêcher d’utiliser le seul côté. Et ce, le temps que ces trous dans les bitumes soient réhabilités », indique un autre citoyen, chauffeur de taxi. Il ajoute qu’à cause des nœuds de poule dans les axes principaux du trafic routier de la capitale, sa voiture a foncé. « Cela m’a fait perdre une somme que je n’arrive toujours pas à régler depuis une semaine », se lamente-t-il.

Le passage Dembé-Ghazala n’échappe pas à cette pratique. En effet, les motocyclistes et les voitures se faufilent dans le sens inverse, chacun fuit le côté dégradé de la route. « Parfois, nous fuyons ceux qui conduisent en sens inverse, sinon on va connaître des accidents. On comprend que l’autre côté ne soit pas praticable, mais ce bazar est un risque très grave. Il faut que chacun puisse respecter son côté droit. Même en sens inverse », martèle un motocycliste de l’axe Dembé.

Aussi, ces nœuds de poule dans les routes bitumées suscitent des questions légitimes. Comment se fait-il que les routes se dégradent aussi facilement ? Pourquoi leur état est aussi éphémère ? Le tonnage est-il respecté ? Ou il s’agit d’un laisser-aller dans l’exécution des travaux de bitumage des axes ?

Quitter la version mobile