Tchad-PAM : au-delà de l’urgence, bâtir la résilience

Dans un pays où les sécheresses succèdent aux crises et où les réfugiés franchissent chaque jour des frontières de plus en plus poreuses, le Gouvernement du Tchad et le Programme Alimentaire Mondial (PAM) ont choisi de franchir une étape décisive : investir dans la résilience plutôt que de subir l’urgence.

À travers une contribution de 24,6 millions de dollars, financée par la Banque mondiale dans le cadre du projet ProAgri, cinq provinces, le Lac, le Logone Oriental, le Wadi Fira, le Ouaddaï et le Sila seront au cœur d’un ambitieux programme de reconquête agricole. Plus de 5 300 hectares de terres dégradées seront patiemment réhabilités, en quête d’un second souffle, avec l’espoir de nourrir demain près de 197 000 personnes.

Derrière les chiffres, l’enjeu est humain. Il s’agit de redonner à des communautés rurales, souvent frappées par la précarité et l’exil, des moyens concrets de subsister, de commercer et, surtout, de rester debout. « La résilience est un long chemin, exigeant, qui demande de la confiance et du temps », rappelle Marc Sekpon, chef de programme du PAM au Tchad. Le sésame, l’arachide et le maïs, des cultures aussi anciennes que vitales, deviennent les vecteurs d’une reconquête silencieuse : celle de la dignité.

Mais le défi reste immense. À la frontière du Soudan en feu, le Tchad absorbe chaque jour de nouveaux réfugiés. À l’intérieur de ses propres frontières, 16 provinces sont aujourd’hui en situation d’urgence alimentaire, et 3,7 millions de personnes pourraient basculer dans l’insécurité alimentaire sévère à l’approche de l’été.

Depuis 2023, le PAM a élargi sa présence opérationnelle au Tchad, renforçant logistique et effectif, en écho à la stratégie gouvernementale « Haguina » qui parie sur la résilience pour briser le cycle de l’assistance permanente. Avec le soutien d’agences partenaires HCR, OIM, FAO, l’ambition est claire : atteindre 500 000 bénéficiaires et bâtir, pierre après pierre, une souveraineté alimentaire adaptée aux chocs climatiques.

Au-delà des champs et des statistiques, c’est donc une bataille pour le futur qui s’engage. Celle d’un pays qui ne veut plus être seulement la terre d’accueil des réfugiés ou l’épicentre des crises oubliées, mais un territoire où la résilience ne soit plus un mot, mais une réalité.

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