La santé mentale qui se définit par un état de bien-être, indispensable pour se sentir en bonne santé, a perdu sa place dans les programmes de santé publique au Tchad. Le gouvernement et les autorités en charge des questions sanitaires ne font pas cas de ce mal ‘’invisible’’ qui tue à petit feu.
Comme l’a indiqué l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), « Il n’y a pas de santé sans santé mentale ». Mais au Tchad, c’est tout à fait le contraire. Ne se définissant pas seulement par l’absence de trouble mental ou psychologique, la santé mentale fluctue en permanence parce qu’elle dépend de nombreux facteurs. Dans nos hôpitaux, le patient qui veut en parler à un médecin est traité d’étranger, de drogué ou encore de « fruit de la bourgeoisie ».
Moussa Brahim, un citoyen qui a accompagné son jeune frère pour des soins dans un hôpital de la place, a été renvoyé pour des raisons non fondées. « La folie ne se soigne pas dans les hôpitaux. Emmenez-le à l’étranger ou il faut l’enchainer à la maison », a fulminé l’infirmier. Face à cette situation qu’il qualifie de stigmatisation, il déplore le comportement des corps soignants. « Le gouvernement doit penser à un programme sur la santé mentale et chercher des spécialistes de la question pour la formation des médecins tchadiens dont quelques rares sont professionnels. Sinon, ils nous traiteront tous de personnes folles. En plus, on n’a pratiquement pas de psychiatres et c’est vraiment déplorable », a-t-il fustigé.
Pourtant, il est possible d’agir, car la santé mentale n’est pas un état figé. Elle est une recherche permanente d’un état d’équilibre psychique, propre à chaque personne, selon ses conditions de vie et les événements qu’elle vit ou qu’elle a vécus. De l’avis du Dr Franklin Emmanuel, médecin généraliste, une personne peut ne souffrir d’aucune maladie psychique sans pour autant se sentir en bonne santé mentale. À l’inverse, une personne peut bénéficier d’un bien-être mental satisfaisant tout en ayant un trouble psychique bien traité. « Maintenir une bonne santé mentale est aussi l’une des meilleures façons de se préparer à traverser les moments les plus difficiles de la vie, sur le plan personnel ou professionnel », a-t-il indiqué. Il poursuit que le gouvernement pouvait avoir des programmes spécialisés concernant la santé mentale mais « c’est bien dommage ».
« Au Tchad, on confond la santé mentale à la folie, pourtant, ce n’est pas le cas. C’est un désintéressement pur et simple parce que nos dirigeants n’ont pas traversé des pires moments dans leur vie », a-t-il déploré.
En attendant que ce programme soit instauré et vulgarisé au Tchad, il convient de souligner que le Centre africain de contrôle des maladies (CDC Afrique) a lancé un nouveau programme de leadership en santé mentale (AMHLP). Financé par Wellcome, ce programme fait partie des priorités stratégiques continentales du CDC Afrique sur les Mutuelles Nationales Territoriales (MNT), les blessures et la santé mentale qui tracent une voie claire pour des actions coordonnées et un soutien aux 55 États membres en matière de la santé mentale publique.
Le programme comporte quatre piliers qui visent à soutenir l’intégration de la santé mentale, établir un programme africain de formation en épidémiologie de terrain (FETP) en santé mentale mondiale, mettre en œuvre les cours de leadership en santé mentale publique et renforcer le réseautage et l’engagement de la société civile.