Une affaire mêlant accusations de sorcellerie, tensions scolaires et violence estudiantine secoue actuellement la ville de Moundou. Au centre de la polémique : Bimbaye Arthur, enseignant d’anglais au Collège d’Enseignement Général (CEG) de Djarabé, accusé par une élève de pratiquer régulièrement la sorcellerie, une pratique localement désignée sous le nom de « morie ».
Selon plusieurs sources, l’élève à l’origine de l’accusation fait partie d’un groupe ayant été renvoyé de la salle de classe pour avoir refusé de copier une leçon inscrite au tableau. Ce renvoi aurait déclenché une escalade de tension au sein de l’établissement.
Le climat s’est rapidement détérioré : une manifestation de grande ampleur a éclaté dans l’enceinte du collège. La police nationale est intervenue, usant de gaz lacrymogènes et de tirs de sommation pour disperser les élèves et protéger le personnel enseignant, y compris M. Bimbaye Arthur, dont la sécurité était directement menacée.
Malgré l’intervention des forces de l’ordre, les manifestants ont réussi à incendier la moto de l’enseignant, marquant un acte de violence symbolique au cœur d’un débat encore flou entre superstition, tension sociale et autorité pédagogique. Un surveillant a également été menacé de mort par des élèves.
Une crise entre mythe et réalité
D’après nos informations, la jeune fille à l’origine des accusations serait atteinte d’hystérie, un mal qui se manifeste chez certains élèves, notamment en période de forte chaleur, et qui peut être confondu avec des phénomènes surnaturels. Une enquête a été ouverte afin de déterminer les responsabilités réelles de chacun dans cette affaire, qui divise déjà l’opinion à Moundou.
Au-delà des faits eux-mêmes, cette affaire soulève des tensions profondes entre croyances populaires, fragilité du cadre scolaire et climat social délétère. À Moundou, les rumeurs se propagent vite, et l’autorité enseignante semble de plus en plus mise à mal, dans un contexte où la défiance envers l’école croise des imaginaires collectifs encore puissants.
La suite de l’enquête permettra, peut-être, de séparer le mythe de la réalité, mais l’affaire Bimbaye Arthur restera comme un épisode révélateur de la fragilité de l’école face aux croyances et à la violence.
Miskine Awini, Correspondant à Moundou