Ahmat Soubiane Hassaballah a été investi par l’Union Nationale pour le Changement Démocratique au Tchad (UNCDT) comme candidat à l’élection présidentielle du 6 mai 2024. Le Ndjam Post revient sur la vie de celui qui ne jure que par la démocratie depuis ses premiers engagements politiques dans les années 1970.
En 2004, un membre fondateur du Mouvement Patriotique du Salut (MPS) met en garde son parti et au premier rang duquel son camarade Idriss Deby Itno contre une éventuelle modification de la constitution. Par la même, il appelle le MPS à « rompre avec le folklore, l’irrationnel et l’égoïsme, et avoir le courage, oui, le courage de voir les choses en face, d’analyser avec lucidité la situation actuelle, et le risque qu’elle comporte ». Cette prise de position lui coûta le poste d’ambassadeur du Tchad aux États-Unis qu’il occupait alors. Cette personne est Ahmat Soubiane Hassaballah.
Touché dans son orgueil, Ahmat Hassaballah Soubiane fait recours aux armes pour se faire entendre. Il trouva alors refuge à la frontière tchado-soudanaise et tenta avec son mouvement, le Front pour le Salut de la République (FSR), de défier Idriss Deby Itno qui a déjà procédé à la modification de la constitution lui permettant de briguer un troisième mandat. Mais pas que, « j’ai repris les armes pour défendre la constitution issue de la Conférence Nationale Souveraine(CNS) de 1993 », témoigne-t-il dans un entretien accordé au journal Le Ndjam Post en 2023.
Après des négociations menées par la Libye, ayant abouti à un accord de paix, Ahmat Soubiane Hassaballah rentre au Tchad en juillet 2009. Toutefois, les révoltes et les soulèvements, Ahmat Soubiane les embrasse dès ses années de collège. Avec Idriss Deby Itno, « on était des chefs de classe et des meneurs de grèves », se souvient encore l’ancien élève du C.E.G de Biltine et du Lycée Franco-arabe d’Abeche.
Ce réflexe de rebelle ne le quitte guère. Ahmat Soubiane rejoint le Front pour Libération Nationale du Tchad (FROLINAT) le premier mouvement armé du Tchad quand il était encore étudiant. Après la dislocation de ce mouvement, il se rangea derrière le Conseil Démocratique Révolutionnaire (CDR) jusqu’en 1989, où il s’allie avec d’autres groupes pour former le MPS.
La fin de la parodie ?
En 2021, quelques mois après la mort du maréchal du Tchad Idriss Déby Itno, Ahmat Soubiane connaîtra des désaccords avec les membres du MPS. En cause, la tenue du Congrès Extraordinaire de ce parti. Par la suite, il claque la porte et rejoint la coalition constituée des « partis politiques et des personnes-ressources », Une Nation Pour Tous (UNPT). Là également, l’idylle ne dure guère pour celui-là qui ne jure que par la démocratie. Le 6 mars 2024, l’Union Nationale pour le Changement Démocratique au Tchad (UNCDT), avec une coalition de 5 Partis politiques, choisi Ahmat Soubiane Hassaballah comme candidat à l’élection présidentielle du 6 mai 2024.
Ahmat Hassaballah Soubiane c’est aussi un assoiffé de la justice et d’égalité. Il a pris les armes, mais cette fois-ci, comme pour accorder le bénéfice du doute aux autorités de la transition, il recourt aux urnes pour se faire entendre. Lorsque nous le demandons de la démocratie au Tchad, l’ancien ambassadeur, droit dans ses bottes, répond que celle-ci n’a jamais existé au Tchad, il s’agit « juste une parodie ».
Entre révoltes et rébellions, Ahmat Soubiane Hassaballah c’est également un grand commis de l’État. Deux fois ministre (Intérieur et Administration de en 1992 et Travaux Publics 1993), Gouverneur de la région du Logone Occidental en 1994 et ambassadeur du Tchad aux États-Unis d’Amérique et au Canada de 1998 à 2003. Il est nommé plusieurs fois conseillers à la présidence de la République de 2009 à 2021.
Comment voit-il la gestion du Tchad avec lui à la tête ? Pour cela, il nous cite un célèbre adage arabe qui peut être traduit « tu as régné, tu as rendu justice, tu t’es sécurisé, tu dors sans garde du corps ».