Le secteur de l’éducation nationale au Tchad tient difficilement sur ses deux pieds. Chaque année, le début de l’année scolaire se voit secouer par un bras de fer entre le gouvernement et le syndicat des enseignants du Tchad, si ce n’est pas sur toute l’année. Quant au monde universitaire, la pirogue retrouve en 2024, une année de stabilité universitaire après près d’une décennie d’élasticité.
Deux secteurs de formation, d’enseignement et de recherche scientifique, le secteur de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur sont deux chantiers de construction de la citoyenneté tchadienne. Ils forment les futurs cadres du pays, citoyens modèles et patriotes au service de la nation. Mais force est de constater que les politiques publiques prennent du recul ou du moins se montrent absentes quand il s’agit de ces questions. Et ce, depuis plusieurs années. Ils ont ainsi laissé les grèves se faufiler chaque année pour stopper les cours et vider les salles de classes et les amphithéâtres.
Si octobre 2023, mois de la rentrée scolaire fut stable , dès 02 novembre, soit un mois après la rentrée, les salles de classes se voient vidées. En effet, une grève des enseignants du Tchad, impacte négativement l’année scolaire 2023-2024. Les élèves restent à la maison pendant plusieurs semaines. Les hautes sphères de l’État semblent suivre un scénario cinématographique, la grève continue jusqu’à la nouvelle année.
Le 4 janvier, le gouvernement de Masra Succès se donne pour mission de faire marcher l’école tchadienne. D’ailleurs , c’est fut l’un de points forts de sa politique dès sa nomination. Son Ministre de l’Education Nationale, Dr Ndolembaï Sadé, rencontre le comité de crise et le bureau exécutif du SET afin de trouver une solution. Quelques jours plus tard, les enseignants reprennent les craies. Or, il suffit juste d’accepter les revendications du corps éducatif. Mais le Tchad semble se plaire dans cette manière de « maltraitance » des enseignants.
Le secteur de l’enseignement supérieur, intimement lié au précédent, se retrouve sur la voie de la raison et de la recherche scientifique. Si par le passé, les grèves consécutives de l’Union Nationale des Étudiants Tchadiens (UNET), celles du Syndicat National des Enseignants et Chercheurs du Supérieur (SYNECS) et les sourdes oreilles des différents gouvernements ont perturbé les cours, ceux qui ont trouvé en Tom Erdimi un architecte dudit département lors de sa nomination ne se sont pas trompés. En effet, Dr Tom Erdimi a su remettre dans la logique des faits, les universités. En dix ans, 2024 fut la seule année où les amphithéâtres des universités tchadiennes ont ouvert leurs portes en octobre comme dans la sous région et plus loin.
Éducation nationale et enseignement supérieur, deux départements du social, de la citoyenneté et de l’intelligentsia tchadienne. Deux secteurs susceptibles de faire entrer le Tchad dans l’ère de la recherche, de l’innovation et des grands esprits scientifiques, deux mondes de citoyens lambda, où seuls les enfants des pauvres poussent leurs cursus, souffrent de plusieurs autres maux, internes et ancrés.
Si les grèves ont été résolues, les salles de classes et les amphithéâtres rencontrent d’énormes difficultés. Pas de craies, de table-bancs, des cahiers, des latrines, les établissements ne sont pas clôturés, pas un service de salubrité, un service sanitaire, pas de cantine, pas d’électricité, difficultés énormes en matière d’eau dans les établissements. Les salles de classes de certains établissements scolaires privés sont si étroites, leurs laisser-aller est si grand et la formation fort biaisée. Le campus universitaire de Toukra a des coupures d’électricité sur toute l’année, le site d’Ardep Djoumal manque de latrines, l’université de Pala regarde, impuissant, la construction de son local aux arrêts, la liste est non exhaustive.
2024 s’achève mais le destin agité de ces deux secteurs clés de la formation et de l’enseignement au Tchad restent parmi les « petits soucis » des gouvernants. L’école tchadienne est sous le poids de plusieurs maux. La République du Tchad se doit de songer à remédier une fois pour toutes ces questions urgentes, importantes voire nécessaires. Car, qui forme un homme, forme une société. Et l’école tchadienne est moribonde, elle l’a été sur plusieurs années. Il est temps de scruter avec sourire ces secteurs base d’une exemplarité citoyenne.