Le chef de l’État tchadien, le Maréchal Mahamat Idriss Deby promet une nouvelle dynamique dans les relations entre la presse et les institutions. Il s’agit de l’accès à la Présidence, cartes d’accréditation pour les « médias sérieux » et participation à certaines missions officielles. Une annonce accueillie avec un certain enthousiasme, mais qui suscite néanmoins des interrogations au sein de la profession.
Le président de la République a annoncé le mardi 15 avril 2025 sur le plateau de Manara Radio et Télévision lors d’un entretien, une ouverture envers les médias. Selon lui, il est désormais question de délivrer des cartes d’accréditation aux organes de presse qualifiés de « sérieux », afin de leur permettre d’accéder à la Présidence et aux autres grandes institutions du pays. Certains journalistes pourraient même, à l’avenir, accompagner le chef de l’État lors de ses déplacements officiels.
Mais derrière ces promesses, nombreux sont ceux qui y voient une simple déclaration. Car sur le terrain, la réalité est tout autre : les journalistes peinent toujours à obtenir des informations, les portes des institutions restent closes, et la peur de représailles plane sur ceux qui osent poser les bonnes questions.
L’ambiguïté entoure également les critères qui détermineront quels médias sont « sérieux » et lesquels ne le sont pas. À qui profitera cette accréditation ? Qui décidera de qui peut ou non couvrir les activités du pouvoir ? Autant de questions sans réponse.
Pendant ce temps, les conditions de travail des journalistes restent précaires. Manque de moyens, intimidations, accès limité aux sources officielles… Les défis sont multiples, et les belles annonces ne suffisent plus. Ce que les professionnels attendent, ce sont des actes concrets, une véritable liberté d’informer, sans pression, ni sélection arbitraire.
Tant que l’accès à l’information restera conditionné par la loyauté envers le pouvoir, il sera difficile de parler d’une réelle ouverture. Car une presse libre ne se résume pas à des invitations ou des accréditations, mais à la possibilité de faire son travail en toute indépendance.