Parmi les hommes qui ont marqué l’histoire du Tchad dans le domaine de la photographie, il y a Edouard Sailly. Qui est-il ? Comment s’est-il retrouvé dans ce milieu ? Une semaine après la célébration de la journée de la Photographie, Le N’Djam Post revient sur le portrait du premier photographe tchadien qui a marqué son temps dans les grands évènements du Tchad.
« Je suis une partie de la mémoire du Tchad », témoigne celui que presque rien ne le prédestinait à capter les moments forts des chefs d’Etat tchadien. Lui, c’est Edouard Sailly, le premier photographe et cinéaste du Tchad. Si on le questionne avant 1960 de ce qu’il allait devenir, il pourrait aisément répondre « mécanicien » ou « infirmier vétérinaire ». Mais, ses rencontres changent la trajectoire de sa destinée.
Enfant métis issu d’une mère arabe d’Arada et d’un père soldat français, comme le rapporte le journal L’Orient-le Jour, Edouard Sailly né en 1941 à Abéché. Diplômé d’un certificat d’études primaires, il enchaine plus d’un métier jusqu’à devenir secrétaire de Gabriel Lisette, président du Parti Progressiste Tchadien (PPT) d’antan. C’est en ce moment que Sailly rencontrera celui qui lui facilitera l’octroi d’une bourse. Alors il part en France se former à Paris pour deux ans entre 1960 à 1962 au laboratoire Kodak de l’avenue Montaigne, aux «Actualités françaises».
Si le visage d’Edouard pourrait ne rien signifier au Tchadien lambda, c’est normal. Il est derrière l’objectif et a vu défiler, comme l’histoire de ce pays, tous les présidents jusqu’à ce qu’il parte en retraite. C’est Ngarta Tombalbaye qui, séduit par le film de sa première visite en France que Sailly a réalisé lors de sa visite à Paris en 1962 sur invitation de Charles De Gaule, l’amène avec lui pour devenir son photographe. Mais, après la chute de Tombalbaye, Edouard Sailly ne quitte pas la présidence car « quand un pouvoir se met en place, je me retire, j’attends qu’on m’appelle » disait-il. Dans le palais, il voit entrer et sortir Felix Malloum, Lol Mahamat Choua et Hissein Habré. Pour Edouard Sailly, les présidents passent et le photographe reste, comme pour paraphraser une de ses citations au journal L’Orient-Le Jour.
Edouard Sailly est inscrit au Tchad comme le premier cinéaste du pays. Il a signé les premiers films qui racontent le Tchad. A titre d’exemples, on peut citer Le Lac Tchad ou encore L’Enfant du Tchad.