Tchad : de l’asphyxie à la crucifixion du système éducatif

Certaines salles de classe des établissements sont en réfection. C’est le grand ménage pour la rentrée scolaire 2023-2024. Des réfections au grand dam du système éducatif tchadien qui souffre depuis belle lurette d’une léthargie chronique. L’éducation dans son ensemble a aussi besoin d’une couche de peinture à l’occasion de la rentrée scolaire le 02 octobre 2023.

Moelle épinière du développement d’une nation, l’éducation au Tchad est confrontée depuis les dernières décennies à un problème qui tend à sa crucifixion. Les fléaux qui entravent l’épanouissement du système éducatif sont tant d’ordre institutionnel qu’organisationnel.

Selon le rapport de la Banque mondiale intitulé « Enquêtes sur les indicateurs de prestation de services dans les écoles primaires au Tchad », les niveaux d’absentéisme parmi les enseignants du pays sont alarmants. Environ 29,4 % des enseignants sont absents de l’enceinte de l’école et 35,4 % des enseignants absents de la salle de classe, d’après un constat lors d’une visite inopinée. Les taux d’absence des enseignants sont liés à des problèmes de gestion des écoles, notamment le manque de redevabilité.

Des infrastructures vétustes au manque criard des enseignants qualifiés, la majorité des établissements publics au Tchad tiennent encore debout grâce au personnel vacataire. Dans les campagnes, ces établissements sont pilotés par les maîtres communautaires aux niveaux douteux, du moins pour certains. En milieu rural, le taux d’absence des enseignants des salles de classe va jusqu’à 38,3 %, selon les données de la Banque mondiale. Dans les campagnes, il suffit juste d’avoir un Brevet d’étude fondamental ou un baccalauréat pour enseigner dans les écoles. Et là où le bât blesse, l’Apiced (Agence pour la promotion des initiatives communautaires en éducation au Tchad) n’est pas sentie sur le terrain en ce qui concerne le suivi et le recyclage de ces maîtres communautaires, car la majeure partie n’est pas formée en pédagogie. Ceux-ci ne sont pas payés régulièrement, malgré la modique somme qui leur sert de salaire. Toutes ces tares ont un coup dur pour l’élève communautaire.

Dans le secteur privé, n’en parlons pas. L’école est devenue un business pour certains fondateurs d’établissements privés. La création de ces établissements se fait sans le respect des normes exigées par les textes. Ainsi, un fondateur d’école privée peut transformer sa concession, minime soit-elle, en un lycée collège sans s’inquiéter si le besoin de se faire de l’argent se fait sentir.

Bref, la rentrée scolaire 2023-2024 est opérationnelle le 02 octobre 2023. Les acteurs du système éducatif, les parents ainsi que les élèves doivent mettre la main à la pâte pour relever le défi auquel fait face le système éducatif tchadien.

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