Tchad : après 3 ans sous MIDI, les jeunes peinent à trouver un emploi

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Après avoir dirigé la transition depuis le décès de son père en 2021, puis crédité de 61% des voix selon les résultats définitifs validés par le Conseil constitutionnel le 16 mai dernier, Mahamat Idriss Deby Itno qui, dans son programme politique, dit vouloir faire de la lutte contre le chômage sa priorité, peine à poser le jalon. Entretemps, les jeunes continuent de subir une injustice notoire dans les actes nominatifs depuis le début de la transition, puis du magistère du rejeton d’Idriss Déby Itno.

Au Tchad, après l’échec de la transition militaire, l’une des principales frustrations de la population, c’est le difficile accès des jeunes au marché de l’emploi, et ce, même sous l’ère de la présidence intégrale de Mahamat Idriss Déby Itno. 28 % des jeunes, notamment diplômés, peinent à trouver un emploi. D’aucuns menacent même de quitter le pays à la recherche d’un meilleur lendemain. Pourtant, dans son programme politique, le chef de l’État, Mahamat Idriss Déby Itno, a assuré à son équipe de campagne que l’attente de la population au cours de son tout premier mandat est la lutte contre le chômage, notamment des plus jeunes.

Dans le quartier d’affaires de Djamabalngato, ce 17 juillet 2024, Nassour Daoud, 33 ans, rencontré sur les lieux, souligne que ça fait deux semaines qu’il fait des vas-et-viens à la DRH pour le suivi de ses papiers qui sont restés sans suite. « C’est depuis 6 ans que je cherche du boulot en attendant mon intégration, mais rien. Quand j’essaye de postuler pour les opportunités en ligne, il n’y a aucune chance pour moi. On nous parle de 5 ans, 6 ans d’expérience. Aucune entreprise nous rappelle quand on dépose nos dossiers », se désole-t-il.

À 28 ans, diplômé en 2019 en génie informatique dans une des meilleures écoles d’Afrique centrale, Dominique ne pensait pas que cinq ans après la fin de ses études, il serait encore à la recherche d’un emploi. « Je suis père d’un garçon et dans la capitale, on ne peut pas survivre sans activité. Je suis obligé d’ouvrir un parking devant les bars pour joindre les deux bouts. C’est vraiment difficile de survivre dans un pays sans travail », déplore-t-il.

Menace inaudible et lueur d’espoir

Depuis bientôt 5 ans, sous Déby père au fils, les jeunes diplômés sans emploi, constitués en collectifs, menacent de quitter le pays pour d’autres horizons. Mais le Gouvernement fait sourde oreille ou intègre les leaders de ces collectifs pour étouffer leurs actions.

Dans les quartiers reculés, de nouveaux immeubles sont en construction et ceci constituent une lueur d’espoir pour les jeunes diplômés sans emploi qui espèrent trouver du travail dans ces chantiers ou dans les prochaines entreprises en construction.  Mais le paradoxe est qu’à chaque année, le nombre de jeunes diplômés sans emploi double.

Après 6 ans de chômage, André Balama, diplômé de l’École normale, n’y croit plus. « Je suis fatigué d’attendre l’intégration, donc je postule maintenant à n’importe quel poste sans tenir compte de mes diplômes. Tout ce qui peut me donner de l’argent, je fais. L’essentiel pour moi, c’est de gagner l’argent. Comme le Gouvernement est insensible face à nos multiples cris, on doit compter que sur nous désormais », déclare-t-il.

Selon la Banque Mondiale, le taux de chômage chez les jeunes était de 28% en 2023. Les diplômés ne cessent de chercher l’aide des autorités.

Droit dans ses bottes, le Gouvernement ne fait que procéder à des nominations basées sur le clientélisme et l’injustice sans toutefois tenir compte de l’équilibre régional. Ce sont les mêmes qui sont promus ou bénéficient des remplacements numériques tandis qu’aux jeunes diplômés, on leur brandit les slogans ‘’la fonction publique est saturée’’, ‘’la réussite ce n’est pas seulement à la fonction publique’’, ‘’il faut entreprendre’’…. Pourtant, le climat des affaires et les conditions ne sont pas réunies pour entreprendre au Tchad.

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