Société : Memti Nicole, gardienne silencieuse des âmes disparues

Memti Nicole est une femme admirable, brave et dévouée, qui consacre sa vie à un métier peu ordinaire. Elle s’occupe des corps sans vie. Responsable de la morgue de l’hôpital Tchad-Chine depuis 14 ans, elle est l’unique femme qui assure toutes les tâches de ce service délicat.

C’est par passion que Nicole a choisi ce métier. Depuis son enfance, elle nourrissait le désir de travailler à la morgue. Bien qu’elle soit infirmière, elle a préféré suivre son rêve d’aider à prendre soin des défunts et accompagner leurs proches dans les derniers instants de séparation.

Dès 7 heures du matin, Nicole se présente à son poste. Après avoir enfilé des gants et un masque, elle vérifie l’état des corps, avant de s’installer dans son bureau pour accueillir les familles endeuillées. « Je vais au travail très tôt, je porte les gants et masque puis je vérifie les corps s’ils sont bien congelés, sinon je renforce le formole. Je pars au bureau pour appeler les parents pour venir récupérer le corps. C’est moi qui fais tout, je nettoie, j’habille les corps et je les dépose dans la chambre froide », a-t-elle expliqué.

Tout au long de sa carrière, Memti Nicole a affronté des situations éprouvantes et parfois effrayantes, mais sa détermination lui a permis de surmonter ses peurs. Comme dans tout métier, elle se heurte à de nombreuses difficultés, notamment le manque de matériel, les contraintes financières, et les risques sanitaires qui menacent régulièrement sa santé.

« Il n’y a pas assez des machines et produit. Je suis obligée d’acheter les formoles, mais la quantité est insuffisante à cause du manque de moyens financiers. Je suis aussi exposée aux dangers, car les produits que j’utilise sur les corps sont trop toxiques et j’utilise aussi les rasoirs pour couper leurs ongles, ce qui pourrait me blesser. Il me faut des vaccins et médicaments pour préserver ma santé », déplore Nicole.

Consciente des limites de son environnement de travail, elle a adressé plusieurs plaidoyers au gouvernement, demandant de meilleures conditions de travail, le renforcement du personnel au sein de la morgue ainsi que leur intégration à la fonction publique.

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