Le Premier Ministre, Allah-maye Halina, accompagné de ses Ministres Le 13 juin 2024 devant le Conseil National de Transition (CNT), une sorte de Parlement provisoire, a présenté, suivant la nouvelle Constitution, le programme politique de son Gouvernement devant accompagner le mandat du président de la République, Mahamat Idriss Deby Itno. À cette occasion, il a réitéré la volonté de son Gouvernement à faire passer le pays d’une économie de rente à une économie diversifiée et innovante.
L’horizon reste séduisant, mais la route qui y mène est de plus en plus incertaine. Le Tchad est un pays au cœur de nombreux enjeux sur le continent africain. Mais cet État du Sahel souffre aussi de quelques handicaps structurels : son enclavement, les problèmes d’accès à l’énergie, le déficit d’infrastructures, la pauvreté qui s’est encore accélérée avec la crise sécuritaire et les conséquences de la guerre au Soudan.
Malgré l’amélioration du climat des affaires, l’industrialisation et la relance de la politique nationale d’investissement promues par le nouveau Premier Ministre, l’aggravation du poids des dettes publiques sur les budgets du Tchad fait planer le doute sur les capacités futures de financement. Sans oublier la grande inconnue : l’inflation.
En 2003, Idriss Déby a promis de faire bénéficier l’ensemble de la population des retombées du pétrole. Le PIB a décollé et en 2008, il a même dépassé brièvement celui de deux autres pays de la bande sahélienne, le Niger voisin et le Mali. Mais la manne espérée au début des années 2000 n’a été qu’un feu de paille. Selon les économistes de la Banque Mondiale, la croissance réelle s’est étiolée assez vite. Le Niger et le Mali, tous deux dépourvus d’Or noir, ont repris l’ascendant sur la nouvelle puissance pétrolière du Sahel.
En termes d’indice de développement humain, le Tchad est avant-dernier dans le classement des Nations Unies. La pauvreté concerne encore plus de 40% des 18 millions d’habitants. Et dans ce pays riche en hydrocarbures, le carburant et l’électricité sont hors de prix. Seulement 10% des foyers du Tchad sont connectés au réseau électrique contre 50% dans l’Afrique sub-saharienne.
La stratégie présentée aujourd’hui par le Premier Ministre, Allah-maye Halina, semble similaire à celle de ses prédécesseurs. « Le discours est joli, accompagné d’une éloquence particulière, mais la réalisation semble toujours difficile », pense la population.
Éducation, emploi, santé, énergie, corps de défense et de sécurité ou encore mines : Allah-maye Halina a annoncé, dans tous les domaines de la vie socio-économiques, une multitude de projets très ambitieux et pour certains, chiffrés. Le chef du Gouvernement va-t-il enfin améliorer la vie quotidienne de la population ? La réalité est que la réalisation de ce programme dépend aussi des bonnes relations que le pouvoir entretiendra avec la population, conceptrice du projet.