Dans de nombreuses provinces du Tchad, les habitants achètent de l’eau vendue dans les pousse-pousse en période de chaleur où la coupure de l’eau est très fréquente. Malheureusement, les conditions d’hygiène ne sont pas respectées par les vendeurs.
L’eau vendue dans les pousse-pousse, communément appelée « l’eau de boulala » par la population tchadienne, n’est pas hygiénique. Bien qu’elle ait aidé de nombreux ménages dans leurs tâches quotidiennes, sa consommation pourrait avoir des répercussions négatives sur la santé.
Nous avons rencontré quelques consommateurs aux quartiers Paris-Congo, Dembé et Kamda qui se plaignent des mauvaises conditions d’hygiène de l’eau vendue dans les pousse-pousse. Avec amertume, ils affirment y avoir trouvé des saletés, des moisissures et des insectes morts. « Certains vendeurs ne lavent pas les bidons et ne mettent pas de javel dans l’eau pour tuer les microbes. Un jour, j’ai acheté cette eau, après l’avoir versée dans une bassine, j’ai vu des mouches mortes, du sable, des morceaux de plastiques et des petites moisissures. Je n’ai pas pu l’utiliser pour préparer le repas », explique Nafisa, une cliente découragée.
Il faut l’utiliser uniquement pour la lessive car d’après les clients, cette eau est très sale pour être consommée. « J‘ai acheté deux bidons d’eau et j’ai vu assez de saletés, donc je l’ai utilisée pour laver les tasses et les habits. On ne sait pas si c’est la qualité de l’eau de château qui n’est pas bonne ou bien si ce sont les bidons qui ne sont pas lavés. Mais les vendeurs doivent bien entretenir les bidons en les lavant tous les jours », dit Bertine, une habitante de Paris-Congo.
Après les différentes interventions des consommateurs, nous nous sommes rapprochés des vendeurs pour recueillir leurs impressions face à ce problème qui préoccupe la population. Djibrine nous fait savoir que le problème d’hygiène des bidons d’eau est une question d’habitude. Certains vendeurs les lavent et d’autres ne les lavent pas. Il lave tous les jours les siens et il s’assure de la propreté de l’eau avant de la vendre, a indiqué Djibrine. Il dit aussi avoir beaucoup de clients à cause de la qualité d’eau qu’il vend.
Pour le nutritionniste Adam Allamine, la consommation de cette eau peut provoquer diverses maladies comme la typhoïde, le choléra, les maux de ventre et bien d’autres. « L’eau de boulala est dangereuse pour la santé des clients, car les saletés qui s’y trouvent pourraient causer les maladies telles que la typhoïde, le choléra et les maux de ventre et autres. Donc, il faut la traiter avant de la consommer afin d’éviter ces maladies », souligne-t-il.
Il faut rappeler que la vente de l’eau dans les pousse-pousse date de plusieurs années, mais avec l’évolution des forages d’eau dans certaines provinces, elle tend à disparaître. Dans de nombreux quartiers de N’Djamena, les habitants utilisent cette eau à cause des coupures répétitives. Pour garantir la santé de la population, les agents de l’hygiène et assainissement doivent faire le contrôle dans tous les quartiers pour arrêter les vendeurs qui ne respectent pas les conditions d’hygiène.
Marie-Claire Tari Koumninga