Ramadan 2023 : l’inflation des prix des denrées alimentaires inquiète les fidèles musulmans

Le mois sacré de ramadan se pointe à l’horizon. Il pourrait commencer le jeudi 23 mars prochain. Entre temps, les consommateurs peinent à remplir leur panier compte tenu de la cherté de la vie.

Jeudi 16 mars 2023, il est midi. Nous sommes dans la petite ruelle du quartier Klemat à N’Djamena, non loin du Bassin de rétention. Une odeur particulière nous frappe au nez. C’est l’odeur de la cuisson d’Aberé, une boisson locale prisée par les Tchadiens. Pour ces derniers en général et les N’Djamenois en particulier, sentir l’odeur d’Aberé, c’est sentir la venue du mois sacré ramadan. Dans les visages des futurs jeûneurs, on lit une impatience.

Dans les marchés, c’est la crispation qui plombe l’atmosphère. Ces lieux sont bondés de monde et chacun veut s’approvisionner en produits de premières nécessités tels que le riz, le maïs, l’huile, le sucre, la farine… Toutefois, cette année, les prix des denrées alimentaires sont de plus en plus chers. Le sucre de 50 kilogrammes par exemple, auparavant vendu à 37. 500 FCFA, a grimpé pour atteindre 39. 000 FCFA. L’huile de 5 litres qui se vendait à 8.000 se vend désormais à 10. 000 FCFA. « Ces tarifs peuvent encore augmenter », avertit un habitué du Marché à Mil de N’Djamena.

Moussou Ali, rencontré sur les lieux, souligne que le fidèle musulman peine à gérer cette situation, surtout s’il a une large famille. « Tout est devenu cher, avec un cinq mille francs tu arrives à peine à rationner. Nous demandons aux autorités de venir constater par eux-mêmes et nous trouver une solution », s’est-il plaint. Comme ce dernier, nombreux sont les consommateurs qui ne cessent de se lamenter. Fatimé Haoua renchérit que la situation est critique et il faut que ça change avant l’entame du ramadan. « Les commerçants mettent tout sur le dos de la Russie-Ukraine, pourtant le Tchad a les ressources alimentaires. Augmenter les prix des denrées alimentaires ce n’est pas du facile surtout pendant la période sacrée du ramadan. On espère que la situation va s’améliorer avant le début de ce mois sacré », s’est-elle lamenté. Pour les citoyens rencontrés, seul l’Etat a le dernier mot.

D’ailleurs compte tenu de la cherté de vie, l’Association de Défense des droits de Consommateurs (ADC) a donné une alerte sur cette situation qui est « devenue aussi conjoncturelle que structurelle ». À l’occasion de la journée mondiale du consommateur, le 15 mars dernier, l’ADC avait relevé que, « depuis près d’une quinzaine d’années, le Tchad est confronté de manière récurrente à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle et à la flambée des prix des denrées alimentaires de première nécessité. Ces deux dernières années, les prix notamment des céréales et produits à base de céréales, de l’huile, du sucre ont connu une hausse de l’ordre de 25 à 47 % ».

Et pourtant, la Chambre de Commerce d’Industrie, d’Agriculture, des Mines et de l’Artisanat (CCIAMA) a lancé en mai 2019 un concept dénommé “Juste Prix” pour contrecarrer la surenchère dans les marchés. Mais, sur le terrain, que nenni. Ce concept vise à créer un réseau des commerçants « labellisés » qui s’engageront à diminuer les prix des produits de premières nécessités.

Si rien est fait avant le début du mois sacré de ramadan, les fidèles musulmans vont continuer à broyer du noir et le panier de la ménagère ne pèsera toujours pas.

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