Toilettes payantes dans les hôpitaux : une taxe sur la souffrance

Dans plusieurs centres de santé de la capitale tchadienne, l’accès aux toilettes est conditionné au paiement d’une somme variant entre 50 et 150 francs CFA. Une pratique banalisée, mais qui soulève de sérieuses interrogations, surtout lorsqu’elle concerne des patients en quête de soins urgents.

Scène plutôt surréaliste dans un centre de santé de N’Djamena : un patient, venu pour un examen médical nécessitant un échantillon de selles, se voit refuser l’accès aux toilettes s’il ne paie pas les 100 francs CFA exigés. Pris entre la douleur et la contrainte, il est obligé de s’acquitter de cette « taxe sanitaire » pour simplement pouvoir faire ses besoins. Dans plusieurs formations sanitaires publiques de la capitale, l’accès aux toilettes est monétisé, y compris pour les malades.

Le tarif varie d’un établissement à l’autre, 50 et 150 francs CFA. Dans certains cas, il est collecté par un agent, parfois même par des personnes extérieures. Le service, quant à lui, est souvent médiocre : latrines mal entretenues, manque d’eau, absence de détergents désinfectants. Pour de nombreux citoyens, c’est une double peine : venir à l’hôpital, payer pour se soigner, et payer encore pour satisfaire un besoin naturel.

Cette situation soulève de nombreuses questions : comment peut-on facturer un service aussi fondamental dans un lieu censé soigner ? Qu’en est-il des patients les plus vulnérables, ceux qui arrivent sans un sou ou dont la seule priorité est de survivre ? Enfin, cette pratique est-elle légale ? Existe-t-il un cadre réglementaire encadrant ces prélèvements ? Jusqu’ici, les questions demeurent sans réponse.

Dans une capitale où la pauvreté reste endémique et où l’accès à la santé, un parcours de combattant, la tarification des toilettes dans les structures publiques de santé apparaît comme une goûte d’eau qui déborde le vase. Une réalité alarmante qui interpelle autant les décideurs que la conscience collective.

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