Quel avenir pour les réfugiés burkinabè au Mali ?

Ph UN News

Des milliers de réfugiés Burkinabè sont arrivés au Mali depuis le début de l’année 2024. Leurs conditions de vie sur place sont particulièrement compliquées. Leur sort demeure très incertain. Combien sont-ils exactement ? Nul ne peut le dire avec exactitude et les organisations non gouvernementales humanitaires (ONG) peinent elles-mêmes à les dénombrer.

A la mi-juillet, les réfugiés maliens au Burkina-Faso étaient au moins 180 000, selon l’agence humanitaire de l’ONU (OCHA). Mais selon les chiffres de l’exécutif malien, ils ne seraient que 38 000 réfugiés, pour la plupart d’origine malienne.  « L’afflux des réfugiés se poursuit sans relâche, exerçant une pression énorme sur les ressources limitées des communautés locales qui accueillent déjà un grand nombre de personnes déplacées à l’intérieur » du Mali, ajoute le Conseil norvégien pour les réfugiés (CNR).

Ils sont en effet 2 millions de Maliens (800 000 selon les chiffres gouvernementaux) à avoir fui les combats du pays et à venir se réfugier dans le sud du pays, dans les alentours de Mopti. Quoi qu’il en soit, le nombre de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire au Mali a augmenté de 35 % entre 2022 et 2023, passant de 3,5 millions à près de 4,7 millions. L’insécurité alimentaire touche maintenant 7,1 millions de de personnes en 2024, dont 54% sont des enfants, selon le Plan de Besoins Humanitaires et de Réponse (HNRP), soit un doublement (+100%) en un peu plus de deux ans.

Solidarité limitée

Les familles fuient le Burkina Faso en proie à des conflits ouverts et violents entre les groupes armés terroristes et les forces armées Burkinabé, épaulées par quelques supplétifs d’Africa Corps (ex-Wagner) et aussi maliens… Certains partent de chez eux, avec les affaires qu’ils ont dû prendre en hâte, pour ne pas à subir les dommages directs ou collatéraux de l’armée burkinabè et des combattants des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), formés par des villageois recrutés par l’armée pour contribuer à la lutte antiterroriste. Ces mêmes familles franchissent la frontière malienne avec l’espoir de trouver une nourriture qui fait également défaut dans leur pays, car 6,3 millions de Burkinabè, soit plus d’un quart de la population, ont aujourd’hui besoin d’une assistance humanitaire principalement en raison des effets de l’insécurité persistante…

Les conditions d’accueil des réfugiés burkinabè au Mali n’en restent pas moins alarmantes. La solidarité des villageois qui les accueillent ne dure qu’un temps, car leurs hôtes se retrouvent vite démunis de nourriture. Le représentant du Haut-Commissariat des nations unies pour les réfugiés au Mali (HCR), Mohamed Askia Touré s’en émeut, pointant les énormes besoins matériels, « immenses et incommensurables (…) ces réfugiés ont besoin d’eau, d’abri, de soins et de nourriture », autrement dit du minimum vital, explique-t-il. Mohamed Askia Touré regrette l’absence de la communauté humanitaire « du fait de l’insécurité ». Les Burkinabè qui stationnent à Koro ou Mopti ne sont pas à l’abri de recroiser des horreurs car cette région est l’objet d’attaques régulières des membres du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim, affilié à al-Qaïda) et d’opérations de l’armée malienne et de ses supplétifs d’Africa Corps. Leur avenir s’annonce bien sombre.

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