Présence militaire française au Tchad : le Tchad referme un chapitre de son histoire

N’Djaména, 31 janvier 2025. Sous un ciel limpide, dans une capitale où flotte un air de solennité, une page de l’histoire tchadienne vient de se tourner. Devant un parterre d’invités triés sur le volet, dans l’enceinte d’une base militaire que l’on s’apprête à rendre aux Tchadiens, le Maréchal Mahamat Idriss Déby Itno s’avance, le regard grave, la voix ferme. Aujourd’hui , il le sait, restera gravé dans les annales du pays. Pour la première fois depuis 125 ans, aucune force militaire française ne stationnera sur le sol tchadien.

Ce moment, le Chef de l’État l’a voulu. Il l’a annoncé, il l’a préparé, il l’a imposé. Sans heurts, sans éclats, avec la rigueur et la détermination d’un homme qui veut inscrire son pays dans une souveraineté pleine et entière. Devant les hautes autorités de l’État, les membres du gouvernement, les chefs militaires et la représentation diplomatique, il retrace les faits : la dénonciation de l’accord militaire avec la France, annoncée le 28 novembre, suivie d’un retrait intégral fixé au 31 janvier. En quelques mois, un bouleversement d’une ampleur inédite a été mené avec méthode, patience et fermeté.

Le départ des forces françaises n’est pas un simple changement de dispositif. Il symbolise une refonte des relations du Tchad avec ses partenaires. « Nous ne rompons pas nos liens avec la France, nous mettons un terme à la dimension militaire de cette coopération », souligne le Président, précisant que cette décision s’inscrit dans une vision plus large : celle d’un Tchad maître de son destin, d’une armée nationale renforcée, d’une diplomatie repensée.

Dans son allocution, le Maréchal ne cache pas l’héritage complexe de la coopération militaire franco-tchadienne. Il reconnaît son importance à certains moments clés de l’histoire, mais insiste sur la nécessité d’une évolution. Le monde change, le Tchad aussi. Il veut des partenariats équilibrés, transparents, fondés sur un respect mutuel et une vision partagée. Il appelle à un renforcement des institutions, à une indépendance économique et à un patriotisme renouvelé.

L’instant est solennel. Le dernier avion militaire français a quitté le tarmac de la base hier à 15h50. « Un nouveau lever de soleil pour le Tchad », dit-il. Une ère s’achève, une autre commence. Pour Mahamat Idriss Déby Itno, l’enjeu dépasse la seule question militaire : c’est l’affirmation d’une nation qui entend se réapproprier son destin. « La souveraineté n’est pas un cadeau, elle se conquiert et se protège. »

Dans l’assemblée, l’émotion est palpable. Loin des clivages politiques, c’est une fierté nationale qui s’exprime. Le Tchad reprend la main. Un Président tient parole. Une génération regarde l’avenir avec de nouvelles certitudes.

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