Dans le monde des mots et des rythmes, Saïba Ngousmon se définit comme un collectionneur : collectionneur de sons, d’émotions et d’instants figés en vers. À la croisée du Droit, du journalisme et de la poésie, il fait de sa voix un vecteur d’expression, de transmission et d’engagement.
Issu d’une famille recomposée, il a grandi bercé par la littérature et les pages feuilletées du magazine Amina que sa mère, une femme passionnée de lecture, lui laissait en héritage. Elle fut la première à le mettre sur la voie des mots. Puis, à 13 ans, un programme radiophonique, Tendresse, diffusé sur Africa N°1, allume une étincelle en lui. Plus tard, un cours de versification au lycée viendra forger sa plume.
Mais ce sont les poètes engagés qui l’ont véritablement marqué. « Cahier d’un retour au pays natal » d’Aimé Césaire résonne en lui comme une claque. Il admire aussi la plume de Nimrod et la finesse de Marc Alexandre Oho Bambé. Cette poésie, il la puise dans son quotidien, dans la société qui l’entoure, mais aussi dans ses propres tourments.
« La pleine lune est mon phare », confie-t-il. C’est dans ces nuits silencieuses, lorsque la ville s’apaise, que les mots s’imposent à lui. Son écriture oscille entre engagement et introspection, évoluant au fil des ans. Chaque texte est une naissance, parfois spontanée, parfois laborieuse, mais toujours empreinte d’une nécessité intérieure.
Aujourd’hui, Saïba Ngousmon est à la tête d’ « Afro Slam », un média qu’il a fondé pour donner un écho au slam-poésie en Afrique. S’il n’a pas encore publié de recueil, il rêve de le faire un jour. En attendant, il participe à des événements poétiques, conscient des défis qui jalonnent le parcours des poètes d’aujourd’hui : une reconnaissance limitée, la concurrence des médias numériques et la difficulté d’atteindre un large public.
Pour lui, la poésie est un moteur de changement. « Elle a toujours transformé les mentalités, réconcilié des cœurs et mené des révolutions », affirme-t-il, citant le mouvement de la Négritude et ses figures emblématiques. Il voit dans l’essor du slam, du spoken word et de la poésie numérique une évolution nécessaire qui permet à cet art ancestral de s’adapter aux codes de son époque.
En cette Journée Mondiale de la Poésie, célébrée chaque 21 mars de l’année, Saïba rappelle l’importance de célébrer cet art sous toutes ses formes, du classique au contemporain. À ceux qui hésitent à se lancer dans l’écriture poétique, il n’a qu’un conseil : « Écoutez-vous. Laissez votre voix intérieure vous guider. »