En 2025, la santé néonatale reste un défi majeur pour le continent, en particulier au sein des pays du Sahel. Point sur la situation.
Malgré les efforts réalisés, la tâche reste importante pour favoriser la grossesse et l’accouchement en bonne santé et protéger le nourrisson dans les tout premiers jours de sa vie. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), près de deux millions d’enfants
décèdent dans leur premier mois de vie à l’échelle mondiale, soit un décès toutes les sept secondes environ. Plus des deux tiers des décès ont lieu au cours de la première semaine de vie, et environ un million de nouveau-nés meurent le premier jour. Près de
300 000 femmes perdent la vie en raison de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement chaque année. Sur les millions de nouveaux-nés décédés, une immense majorité vient du continent africain et de la région sahélienne : Mali, Niger, Tchad, Soudan
et Soudan du Sud.
Dans la seule région africaine de l’OMS, chaque heure qui passe emporte la vie de 20 mères et 120 nouveau-nés. Les causes sont connues : naissances prématurées, complications obstétricales, malformations congénitales ; infections en tous genres… D’autres facteurs aggravent le phénomène, comme la malnutrition qui rend les enfants plus vulnérables aux maladies, le coût élevé des soins de santé, les épidémies émergentes et, pour bon nombre de pays africains, les conflits armés. Dans les camps de réfugiés à l’Est du Tchad, la situation est très précaire pour les jeunes mères qui ont fui les combats du Soudan. « Je suis anxieuse. Parfois, je n’arrive pas à allaiter mon bébé », témoigne Djawahir, originaire d’Al-Genaïna qui a passé la frontière et s’est réfugiée à Adré avec ses trois enfants, alors enceinte de cinq mois.
Couverture vaccinale et sanitaire
Le nouveau-né et la mère pourraient être les oubliés des politiques de santé, selon les experts médicaux de la région. Ce, malgré des progrès réalisés depuis 1990. En effet, la mortalité néonatale a diminué de -35 %. « La réduction des décès néonatals est encore possible », défend l’OMS. Elle a lancé le 7 avril dernier, à l’occasion de la Journée mondiale de la Santé, une vaste campagne d’un an sur la santé maternelle et néonatale, intitulée : « Une bonne santé à la naissance pour un avenir plein d’espoir ». Cette campagne vise à mieux sensibiliser acteurs et patients sur la santé néonatale et plaide en faveur d’investissements pour améliorer la santé des femmes et des nourrissons.
À travers elle, l’OMS veut aussi inciter les États de l’Afrique de l’Ouest et du Centre à développer encore plus leur plan d’action national « nouveau-né ». En effet, en 2019, 17 (sur 24 pays) ont adopté ce plan qui s’intéresse aux systèmes d’information sanitaire, à la formation des médecins, sages-femmes, infirmières, aides-soignantes, et autres. Là encore, des progrès ont été réalisés, mais de manière insuffisante. Ainsi, une majorité de femmes utilisent déjà les services médicaux mis à leur disposition, mais avec des grandes disparités selon les pays. En Afrique sahélienne et centrale, 58 % des naissances ont lieu dans des formations sanitaires, allant de 22 % au Tchad à 91,5 % au Congo et au Gabon.
Il restera à améliorer la couverture vaccinale contre les principales maladies infantiles et à mettre en place une couverture sanitaire universelle. Les Africains estiment largement que leurs gouvernements devraient garantir à tous les citoyens l’accès à des soins de santé adéquats, même si cela implique des impôts plus élevés, rapporte un communiqué d’AfroBarometer du 7 avril dernier.