Dans les rues animées de N’Djamena, un phénomène inquiétant prend de l’ampleur : la prolifération des bars, auberges et commerces d’alimentation à quelques mètres seulement des établissements scolaires. Cette cohabitation, soulève des interrogations sur ses conséquences sociales, éducatives et sanitaires.
À N’Djamena, la croissance urbaine s’effectue souvent sans véritable planification. L’implantation d’établissements commerciaux à proximité des écoles est facilitée par un manque de réglementation stricte ou par la non-application des rares textes existants. De l’avis de plusieurs, la complaisance administrative permet à ces commerces d’obtenir des autorisations sans tenir compte de leur impact sur l’environnement scolaire.
Dans de nombreux quartiers comme Chagoua, Moursal, Farcha ou Atrone, des bars et auberges côtoient des lycées et collèges, exposant les élèves à des influences néfastes.
L’attrait des bars et auberges situés près des écoles ne concerne pas uniquement les adultes. De nombreux élèves, souvent mineurs, se laissent séduire par ces espaces de loisir, devenant ainsi des proies faciles pour l’alcoolisme précoce, la consommation de stupéfiants et même la délinquance. Les auberges, de leur côté, posent un problème encore plus grave : elles deviennent parfois des lieux de prostitution, impliquant même des élèves en situation de précarité.
Une responsabilité partagée entre autorités, parents et société civile
Face à cette situation, la responsabilité est collective. Les autorités municipales et les services en charge de l’éducation doivent établir des réglementations claires pour interdire ou éloigner ces établissements des écoles. Les parents, quant à eux, doivent renforcer la surveillance et l’encadrement de leurs enfants. De son côté, la société civile pourrait jouer un rôle crucial en menant des campagnes de sensibilisation et en plaidant pour une révision de la politique d’urbanisation afin de protéger les jeunes.
Si rien n’est fait, la proximité des établissements scolaires avec des bars et auberges continuera de nuire à l’éducation et au bien-être des jeunes à N’Djamena. Une intervention rapide et efficace s’impose : application stricte des lois urbaines pour interdire l’installation de ces commerces à moins de 500 mètres des écoles, sensibilisation des jeunes sur les dangers de l’alcoolisme, de la drogue et des mauvaises influences et le renforcement des contrôles par les autorités locales pour surveiller ces espaces et éviter leur accès aux mineurs. Il en va de l’avenir de toute une génération.
Ousmal Jumelia