Musique : « Baguirmi Jazz » propose un voyage dans le royaume du Baguirmi

L’album « Baguirmi Jazz », né de la rencontre entre le groupe Kalélé de feue Maman Eldjima et du saxophoniste tchadien résidant en France Moussolna Nguéyanouba alias Doro Dimanta sort en mars prochain. Il sera accompagné d’un livret retraçant les péripéties de trois royaumes du Tchad (Kanem Bornou, Ouaddaï et Baguirmi) et les différentes tonalités des cithares utilisées par les musiciens de Kalélé. « Baguirmi Jazz » se présente comme une immersion dans la cour royale du Baguirmi. Les chansons mêlant la subtilité du saxophone et les envolées lyriques des cithares racontent les histoires familiales faites de réjouissances et de deuils à travers « Goumsou », « Ramata »« Mata Bono », « Katchoura », « Padja » et autres.

 Avec son répertoire traditionnel, « Baguirmi Jazz » entend valoriser les legs des anciens. « Le monde regarde cette musique comme du folklore. Mais elle ne l’est pas du tout pour moi. Chaque peuple a ses traditions et ses richesses culturelles. Pourquoi nous ne prenons pas au sérieux notre culture ? Il faut qu’on mette en lumière l’héritage de nos ancêtres », appelle Doro Dimanta. Pour lui, cet album est une alerte sur la préservation du patrimoine culturel tchadien, en danger d’extinction. « Les vieux se meurent et la transmission ne se fait plus. Si jamais ces musiciens de Kalélé meurent, qu’est-ce qui va continuer cette belle tradition ? Bien qu’étant pauvres, ils sont les meilleurs artistes. Ils devraient être des professeurs pour transmettre leurs savoirs à la nouvelle génération. Malheureusement, aucun effort ne se fait dans ce sens », relève le saxophoniste. Avec son regard orchestral, Doro Dimanta assure donner la chaleur à la musique traditionnelle. « Je suis à la recherche constante d’une matière sonore intéressante pour générer de l’énergie et donner de l’émotion. Il est intéressant d’apporter cette improvisation du jazz à la musique traditionnelle. Le jazz est parti d’ici. C’est normal qu’il revienne à ses origines », indique-t-il.

La rencontre entre Kalélé et Doro Dimanta remonte à 2003 au festival Festafrica. Le saxophoniste s’occupe de la musique de la pièce de théâtre « Sextirpateur » et même temps, prépare une série de concerts du groupe Tibesti. Par contre, le groupe Kalélé joue la musique de la pièce « Tchad ya Galbi», mise en scène par feu Djamal Coach. « J’ai demandé à jouer avec eux avec mon saxophone au Ballet. Guindjama, le balafoniste, s’est ajouté à nous. Et l’alchimie s’est opérée. En 2017, j’ai commencé à répéter avec eux durant mes séjours au pays. Notre premier concert à l’espace Thémacult est bien accueilli par le public. En mai 2021, nous avons repris avec les répétitions qui ont abouti à un enregistrement des titres et un concert à l’IFT », informe Doro Dimanta.

Une fois l’album sorti, l’orchestre entamera une série de concerts au Tchad et dans plusieurs autres festivals à travers le monde.

Quitter la version mobile