Construites il y a plusieurs années, certaines routes de la capitale N’Djaména sont dégradées du 1ᵉʳ au 10ème arrondissement. A l’origine, le manque d’entretien des tronçons, bien que la mobilité soit de plus en plus difficile avec un impact très négatif sur l’économie tchadienne.
Toutes les voies bitumées de la ville de N’Djaména ou presque, font face à plusieurs écueils depuis des lustres. Du 1ᵉʳ arrondissement au 10ᵉ, c’est le même constat. Fort de cette situation, la commune de la ville se décarcasse chaque année pour colmater ces axes délabrés, mais pour combien de temps encore ? Ce processus ruine plutôt les caisses de l’État, sans résultat probant. L’on pouvait simplement projeter sur des réalisations routières à long terme.
La route qui relie la grande Mosquée à l’avenue Moldom Bada Abbas est impraticable, sinon un trajet de combattant. Toutes ces routes, dont l’état se détériore, ne répondent pas aux normes universelles de réalisation des travaux de construction. Pour la plupart, ce sont des chantiers inachevés, mais livrés puis réceptionnés pour besoin de nécessité. « On livre le chantier en fonction du budget qu’on reçoit. Dans ce budget, il y a un arsenal de 19 % à dégager pour espérer gagner un prochain marché. Parfois, on le fait avec nos moyens en attendant le paiement, mais dans tout ça, l’État n’est pas un bon payeur. De toutes ces difficultés, on ne peut fournir que de tels résultats », a souligné un responsable d’une entreprise de construction routière sous couvert de l’anonymat.
Avis partagé par Abdelsalam Hassan, ingénieur en technique du chantier. Pour lui, lors du démarrage des chantiers routiers, aucun travail sérieux n’est fait au préalable. « Il y a une pression dans le travail compte tenu du délai d’exécution. Parfois, nous avons affaire aux travaux imposés par les marécages, de remblais et de déblais. Tout ça avec un petit budget qui ne peut pas permettre de donner un bon résultat. L’image de nos routes est à l’image de nos décideurs et non des entreprises », a-t-il expliqué.
Selon Djimasdé Moïse, habitant du 7ᵉ arrondissement, c’est la responsabilité du gouvernement et du Fonds d’entretien routier (FER). « Pour la construction d’une route réussie, il faut une étude de faisabilité qui tient compte du cahier et du plan d’urbanisation de la ville, mais ce n’est pas le cas du Tchad. Tout le monde pense à son intérêt. Chaque jour, on fait des canaux aux alentours des voies bitumées. Soit c’est pour la fibre optique ou autres besoins. Les nids de poules sur le goudron, un simulacre de colmatage. On vit tout ça chaque année et c’est vraiment lamentable », se désole-t-il.
Hissein Kazhali dans le 8ᵉ arrondissement soutient pour sa part que la dégradation des rues de la capitale est due à la non prise en compte dans l’étude de faisabilité du projet, des déplacements des réseaux électriques, téléphoniques et d’eau, ainsi que les tombes et les maisons situées dans l’emprise des chantiers routiers. « Si le gouvernement veut améliorer le réseau routier national, on doit délocaliser la ville de N’Djaména ou changer de quartier administratif. Tous les projets engagés pour la construction des routes sont à refaire », a-t-il suggéré.
En plus de l’impact sur les activités économiques, il y a également la lenteur dans toutes les démarches. Car l’embouteillage pose un véritable problème. Il y a aussi la saison des pluies qui constitue un facteur déterminant du délabrement des voies bitumées parce que quand il pleut, la quasi-totalité des rues sont inondées.