Exclusif : les raisons du limogeage de Djerassem Le Bemadjiel, Ministre des Hydrocarbures et de l’Energie

La nouvelle du limogeage de Djerassem Le Bemadjiel, Ministre des Hydrocarbures et de l’Énergie est tombée tel un couperet en ce début de soirée du 26 octobre.

Alors que de manière générale, des signes avant-coureurs précèdent souvent un retrait de confiance du Chef de l’État à un membre de son gouvernement, cette fois-ci, c’est une éjection aussi brutale qu’inattendue : ni bruits de couloirs insistants à la Présidence, ni indiscrétions du côté du bureau du Premier ministre Saleh Kebzabo.

Quoi qu’il en soit, le Ministre Djerassem semble lui, être un habitué des scénarios à suspens et revirements spectaculaires.

Déjà, alors qu’il se trouvait en détention en 2021, il fut tiré hors des barreaux de sa cellule pour être installé sur un fauteuil ministériel à la faveur de l’avènement du nouveau pouvoir tchadien dirigé par Mahamat Idriss Deby Itno, alors Président du Conseil Militaire de Transition.

Mais plus de 24 mois de gestion du très sensible portefeuille qu’il dirigeait, concentrant Pétrole, Gaz et Énergie, la relation presque idyllique digne d’un roman à l’eau de rose qu’il entretenait avec les plus hautes autorités du pays s’est brutalement détériorée et a connu donc ce jour, un épilogue en queue de poisson.

Un limogeage sur fonds de malversations et de détournements de fonds

La pénurie de carburant qui avait paralysé le pays pendant plusieurs semaines, au mois de mai 2023 suite à l’opération de maintien technique des équipements de la Raffinerie de Djermaya, avait amené le gouvernement à s’approvisionner auprès des pays voisins. C’est dans cette opération, impliquant un prêt bancaire que Djerassem Le Bemadjiel aurait contracté avec une société ghanéenne la livraison de produits pétroliers (essence, gasoil) mais près de 1/3 de ces milliers de mètres cubes de produits destinés à soulager la consommation nationale n’arrivera finalement jamais à destination finale.

D’autre part, c’est un autre dossier à caractère urgent et opaque qui aurait poussé le Chef de l’État à retirer sa confiance à l’intouchable Ministre Djerassem. Le projet important d’énergie alternative dont le démarrage a nécessité un financement conséquent. Après avoir jeté un œil plus profond à ce dossier, les hautes autorités se sont rendu compte qu’elles avaient instruit un décaissement à hauteur de 70 % en faveur de l’entreprise chinoise Anda, mais qu’en définitive, c’est seulement 40 % de ce paiement qui leur avait été effectivement reversé. Le reste des fonds, évaporé quelque part dans la nature.

Surfacturation et prise illégale d’intérêt au sein de la Société Nationale d’Electricité (SNE)

D’après les informations parvenues à notre rédaction, Djerassem Le Bemadjiel serait également cité dans un épineux dossier de prise illégale d’intérêt et de surfacturation. En effet, dans le cadre du renforcement de la production de la Société Nationale de l’Énergie à travers des groupes électrogènes appartenant à une entité privée, 20 MW auraient été facturés pour une production réelle qui ne serait que de 8 MW en réalité. Ce qui constituerait une facturation qui se chiffrerait à plusieurs centaines de millions de francs CFA par mois.

Ironie du sort, le Ministre Djerassem martelait qu’au sortir de la pénurie de carburants du mois de mai 2023, « il demanderait des comptes à chacun », il est le premier à en payer le prix, en attendant qu’il lui soit demandé également des comptes.

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