La musique a occupé une place importante dans notre société depuis la nuit des temps. Elle servait à magnifier l’amour ou à conscientiser à l’époque des grands-parents à l’aide de balafon, des tambours et autres instruments traditionnels. Aujourd’hui, la dimension musicale est tout autre avec l’arrivée des rythmes modernes. Voici comment la musique moderne a fait immersion dans le quotidien des Tchadiens.
Autrefois, la musique traditionnelle occupe une place très importante dans la société tchadienne. Elle est utilisée dans des circonstances biens précises, notamment les mariages, les deuils, les danses populaires.
Au sud, on utilise une très grande variété d’instruments comme les tambours, harpes, le balafon. À l’ouest, la population a développé un style tout à fait particulier, mêlant les instruments à vent comme les flutes à aigrelettes des Kotoko. Au nord, il existe des castes de musiciens professionnels aussi bien narrateur que chanteurs. La musique traditionnelle à l’époque était portée par des artistes comme Ngon Koutou, Maman Ildjima, Martine Djingayam, Moussa Chauffeur, Alifa Day.
La musique traditionnelle a donné un déclic à l’introduction de la musique moderne au Tchad. Ainsi, de la musique traditionnelle, l’on s’approche peu à peu à une musique modernisée, mais toujours avec l’emprise de la tradition. Aussi, les différents régimes au pouvoir ont favorisé l’éclosion de la musique dite moderne.
À l’époque de l’indépendance, il n’y avait pas les instruments dits modernes pour faire de la musique. « Les instruments utilisés étaient rudimentaires et il n’y avait pas de salles de spectacles pour les représentations. La musique était jouée à l’aide de disques sur des électrophones amplifiés par des haut-parleurs ou baffles dans les bars. Dans les surprises-parties, le haut-parleur de l’électrophone était placé sur un grand canari qui amplifiait le son de la musique », explique le chef d’orchestre de Africa Mélodie, Hassan Biani.
Le 1ᵉʳ président de la république tchadienne, Ngarta Tombalbaye (1960-1975) fut un grand consommateur et aussi son promoteur par excellence de la musique traditionnelle. À chaque évènement ou cérémonie officielle, la musique traditionnelle occupait une place de choix dans sa programmation, selon Roy Ngardobé sur Music in Africa.
Dans le même sens, Hassan Biani de préciser que sous le régime de Hissein Habré, la musique était développée et orientée vers le culte de personnalité avec l’instauration des groupes d’animation du parti unique, l’Union Nationale pour l’Indépendance et la Révolution (UNIR), appelés les « groupes choc ». « Ces groupes avaient un caractère obligatoire et disciplinaire. Les chansons étaient composées par les membres des groupes et apprises par cœur », dit-il. Ces groupes chocs ont constitué un important réservoir d’artistes disponibles pour la musique moderne tchadienne, puisque ceux-ci ont intégré différents orchestres.
Selon une enquête réalisée auprès de Luzolo Noël dit Papa Nono de l’orchestre Chari Jazz, Hassan Biani de Africa Mélodie et Saradoumngué de Sao Junior, la musique moderne est introduite au Tchad dans les années 1960. Elle s’est reposée sur trois facteurs, à savoir « le développement industriel et le boom musical européen, latino-américain et africain ; les tournés musicales des orchestres africains, européens et américains au Tchad et enfin la migration de la jeunesse tchadienne ».
Cette chronique n’est un aperçu d’une manière de la transition de la musique traditionnelle à la musique dite moderne. Dans le prochain numéro de cette chronique, nous allons revenir beaucoup plus en détail sur les circonstances de l’introduction de la musique dite moderne au Tchad ainsi que les différents précurseurs.