Changement climatique : quand le recyclage rime au travail au Tchad

Au Tchad, avoir un travail décent relève d’un luxe que tout le monde n’a pas la chance d’avoir. Ainsi, des centaines de jeunes se lancent dans le recyclage pour en faire un gagne-pain. Ils sont détenteurs du baccalauréat, des diplômes d’Universités, mais aussi des mécaniciens et menuisiers.

À première vue, rien ne les unit. Mais à Goudji, dans le deuxième arrondissement de N’Djamena, derrière le lycée du Centre Koweïtien, ces personnes aux profils divers ont fait des poubelles leur « bureau ». L’or dans ces poubelles, c’est tout ce qui est plastique : bouteilles d’eau, bouteilles d’huile pour moteur, des seaux… peu importe la qualité ou l’état.

Âgé de 30 ans, Adoksouma interrompt ses tris pour nous accueillir. D’abord surpris qu’un journaliste s’intéresse à son activité, il se détend après les salamalecs et nous confesse qu’il exerce cette activité depuis plus de cinq ans et qu’il ne s’en sort pas. C’est un travail de routine, mais qui requiert de l’endurance sous ce soleil intense allant jusqu’à plus de 40 degrés Celsius.

Ces jeunes qui ont trouvé dans le recyclage un métier n’échappent pas aux regards que pose la société sur eux. « C’est parce qu’on ramasse ces plastiques dans les poubelles qu’on nous confond à des voyous, à des vaux rien », regrette Habib, lui aussi ramasseur. Il ajoute par la suite que « nous, on se débrouille. On ne vole personne. On gagne notre vie à la sueur de notre front ».

Les plastiques ramassés et emballés prennent la direction du moulin. « Dès qu’on assemble une quantité importante de plastiques, on envoie vendre au propriétaire du moulin », affirme Richard. Le tonne est acheté à un prix qui varie entre 50 000 et 60 000 FCFA (soit un peu plus de 76 Euros). Une somme dérisoire, mais qui frôle le SMIC tchadien.

Donner une nouvelle vie

Une fois broyés, ces déchets prennent la direction de l’usine. Ils auront une nouvelle vie. Peut-être même une résurrection. « Je revends tout ce que vous avez vu. Mes clients sont des chinois responsable d’usines. Ils me les achètent au kilo qui coûte environ 70 FCFA », affirme Abba, le propriétaire du moulin.

Pour une société qui se veut discrète, les responsables de cette usine de fabrication n’ont pas été ouverts à nos interrogations. « Gagner sa vie », c’est ce que tous ces jeunes pensent en exécutant ce boulot. Mais sont-ils au courant qu’ils sont avant tout des écolos, des champions pour la préservation de notre environnement ? La réponse est sûrement non ! Sauf que Habib a peut-être une idée quand il déclare : « par ce travail, on contribue à ce que ces déchets, ces saletés ne s’accumulent pas en ville afin de faire de ce monde, un monde meilleur ».

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