Selon la conclusion de la consultation annuelle de l’administration du Fonds Monétaire International (FMI), en 2024, le Tchad a connu un bilan mitigé sur le plan économique. L’institution met en avant une inflation qui devrait rester temporairement élevée et une croissance économique à la baisse, à 3,1%, pour 2024, contre 4,9% en 2023. Une situation de côté la population, attristée de voir souvent une économie fragile face aux inflations sans précédent.
Avant l’exploitation du pétrole, l’économie tchadienne était portée à bout de bras par l’activité agricole, notamment celle liée au coton. L’exportation du coton représentait pratiquement à l’époque jusqu’à 60 % de recettes du pays avant le pétrole. Rappelons que, cette culture de rente fait pourtant vivre plus de 3 millions de personnes dans le sud du pays. Le gouvernement tchadien doit revoir sa politique agricole en vue d’un secteur du coton durable afin d’améliorer la production, la nutrition, l’environnement et les conditions de vie, sans que personne soit laissé pour compte.
Le problème est lié par le manque d’investissements qui constitue un obstacle majeur, tout comme le climat d’affaires peu favorable dans le secteur agricole. L’inflation des prix des denrées alimentaires, qui a atteint 12 % dans la région, accentue encore la pression sur le pouvoir d’achat des populations et met en péril la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Par ailleurs, la population cri toujours au scandale par rapport au prix du sac de ciment, produit localement tout comme importé. Un sac de ciment de 50 kg se vend entre 8 500 et 11 500 francs CFA. Il est importé parfois du Maroc, du Nigeria ou du Cameroun, car l’usine de Baoré, au Tchad, n’arrive pas à produire comme il se devrait à cause de la crise économique.
Avec ce prix élevé, beaucoup de Tchadiens n’arrivent pas à construire de maisons modernes. Le Tchad possède un potentiel agricole considérable, avec plus de 60 % de ses terres arables encore inexploitées. Si ces terres étaient mises en valeur de manière efficace, elles pourraient non seulement subvenir aux besoins alimentaires de la population tchadienne, mais également contribuer à la sécurité alimentaire à l’échelle continentale. Cependant, le pays demeure largement dépendant des importations pour nourrir sa population, révélant l’absence d’un tissu économique locale dynamique.
Le gouvernement doit élaborer une politique budgétaire prudente et durable, afin de créer l’espace budgétaire nécessaire pour les dépenses sociales et d’investissement basé surtout sur l’agriculture. Malgré des efforts notables du gouvernement ces dernières années, la trajectoire actuelle ne semble pas en adéquation avec les objectifs de souveraineté alimentaire. Pourtant, la volonté politique existe, et le relèvement des budgets nationaux dédiés à l’agriculture témoigne d’un engagement réel. Pour réussir, le Tchad doit repenser sa stratégie et aligner ses actions sur les besoins urgents du secteur agricole.