Le 22 février 2013, les forces tchadiennes, déployées dans le nord du Mali, se heurtaient aux combattants djihadistes retranchés dans le massif des Ifoghas. L’affrontement, d’une rare intensité, coûta la vie à vingt-trois soldats tchadiens, dont un officier emblématique, Abdel Aziz Hassane Adam, commandant des forces spéciales engagées sur le terrain.
Ce jour-là, l’armée tchadienne, réputée pour son endurance et sa connaissance du désert, avançait dans cette zone escarpée, proche de la frontière algérienne, à la recherche de sanctuaires jihadistes. L’opération visait à démanteler les bastions d’Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) et d’Ansar Dine, qui s’étaient repliés dans ces montagnes après la reprise des grandes villes du Nord malien par l’armée française.
L’affrontement éclate lorsque les soldats tchadiens, progressant dans une vallée encaissée, sont pris sous un feu nourri. Pendant plusieurs heures, les combats s’intensifient. Malgré leur infériorité numérique, les jihadistes opposent une résistance féroce, exploitant le relief accidenté et la connaissance du terrain. Face à eux, les troupes tchadiennes, aguerries aux guerres du désert, ripostent avec une détermination sans faille.
Le bilan, annoncé le lendemain par l’état-major à N’Djamena, est lourd : 23 soldats tchadiens tués, 93 combattants islamistes abattus. Parmi les victimes figure le commandant Abdel Aziz Hassane Adam, dont la disparition marquera profondément ses hommes. Son engagement sur le terrain et son leadership en faisaient une figure clé du contingent tchadien, engagé en première ligne aux côtés des forces françaises.
Le sacrifice tchadien dans l’opération Serval
L’intervention tchadienne au Mali, saluée à l’époque pour son efficacité, symbolise l’engagement du Tchad dans la lutte contre le terrorisme sahélien. Sous le commandement du président Idriss Déby Itno, N’Djamena avait dépêché 2 000 soldats en appui aux Français, apportant une expertise précieuse dans le combat en milieu désertique. Cette contribution militaire, reconnue par Paris et Bamako, s’avéra déterminante dans la sécurisation du Nord malien.
Onze ans plus tard, alors que le Sahel demeure en proie à l’instabilité, le souvenir de cette bataille demeure vif dans la mémoire des soldats et des familles endeuillées. Le sacrifice des militaires tchadiens, tombés dans les montagnes de l’Adrar des Ifoghas, rappelle le prix payé par les armées africaines dans la lutte contre les groupes jihadistes.
Si le terrain a changé et que la présence militaire internationale au Sahel évolue, la bravoure des soldats tchadiens lors de cette bataille reste, elle, inscrite dans l’histoire.