Alors que le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive se poursuivent partout, dans les pays d’Afrique, il est plus qu’essentiel de démanteler ces réseaux qui font tenir les groupes armés terroristes.
La lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme (LCB-FT) est indispensable pour combattre efficacement les groupes armés qui sévissent en Afrique. Plusieurs pays du continent ont intensifié leur LCB-FT. Les financements des groupes armés proviennent essentiellement de l’exploitation des économies locales, de soutiens étrangers et d’actes criminels.
Le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) affirme qu’il existe au moins 11 sources avérées de financement du terrorisme sur le continent africain : contrebande d’armes, trafic de drogues, contrefaçon dont des médicaments et des psychotropes, piraterie, prise d’otages contre rançons, trafic de biens culturels, la migration illégale, etc. Les prises d’otages contre rançons sont la principale source de fonds des groupes terroristes. Elles sont pratiquées à grande échelle par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), Al Mourabitoune, Boko Haram et El Shababa. Leurs principales cibles sont « les travailleurs du secteur humanitaire, opérateurs économiques et leurs familles, touristes, religieux, agents diplomatiques, étudiants, populations vulnérables, dignitaires communautaires et leurs familles ».
Le financement par des réseaux internationaux est également conséquent. Certains groupes bénéficient de financements provenant de sources internationales, notamment à travers des dons privés, des entreprises fictives ou des collectes de fonds sur les plateformes en ligne. En 2019, 6 Nigérians ont été condamnés à des peines de prison (allant de 10 ans à la perpétuité) par une Cour d’Appel aux Émirats arabes unis (EAU). Ils ont été reconnus coupables d’avoir créé une cellule de Boko Haram aux EAU afin de collecter des fonds pour l’organisation terroriste au Nigeria.
En arrivant à mettre à terre les réseaux de financements, les États africains pourront affaiblir les groupes armés terroristes. Pour parvenir à démanteler de tels réseaux de financement, les États d’Afrique doivent s’associer. Au niveau mondial, la LCB-FT est
dirigée par le Groupe d’action financière (GAFI). Le GAFI a notamment pour mission de surveiller la manière dont les criminels et les terroristes collectent, utilisent et déplacent des fonds. Au sein du GAFI, deux organisations sont spécialisées sur la zone Afrique : le Groupe d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique centrale dont est membre le Cameroun et le Tchad ; et le GIABA dont est membre le Niger et le Nigeria. Depuis février 2024, le Burkina Faso, le Cameroun, le Mali, le Nigeria, la République démocratique du Congo, le Sénégal et le Soudan du Sud font l’objet d’une surveillance renforcée du GAFI afin de remédier aux défaillances stratégiques de leur régime de LCB-FT.
La LCB-FT en Afrique est une étape fondamentale pour contrer l’expansion des groupes armés dans les régions touchées par le terrorisme. Des initiatives comme celle adoptée par le Burkina Faso en décembre 2024 témoignent de l’engagement croissant des pays africains à assécher les sources financières de ces groupes. Toutefois, pour être efficace, cette lutte doit s’accompagner d’une coopération régionale et internationale, notamment à travers les mécanismes du GAFI et du GIABA. En démantelant les réseaux de financements, les États africains pourront affaiblir les groupes armés terroristes.