Tchad: Yaya Dillo, toute une vie pour la lutte

Yaya Dillo, président du Parti Socialiste sans Frontières (PSF) est décédé. La confirmation a été faite le 29 février 2024 par le Procureur de la République près du Tribunal de Grande Instance de N’Djamena. Un homme qui a marqué de sa vie l’histoire politique du Tchad.

Jusqu’à sa mort subite le 28 février 2024, Yaya Dillo avait essayé toutes formes de lutte, même le silence. Né à N’Djamena en 1974, il fut parmi les plus jeunes à s’engager, à la fin des années 1980, au rang du Mouvement Patriotique du Salut (MPS) contre la dictature. Après le triomphe du MPS, il s’envolera pour le Canada afin de poursuivre ses études. En 2005, Yaya Dillo reprend le chemin du maquis, mais cette fois-ci, en tant que leader du Socle pour le Changement de l’Unité Nationale et la Démocratie (SCUD). Ce mouvement rebelle tenta à maintes reprises de défier le pouvoir d’Idriss Deby Itno. Des tentatives qui furent des échecs.

Cependant, Dillo regagne la normalité et se rallie au pouvoir en place. Par la suite, il occupera plusieurs postes ministériels. Du ministère d’État au ministère de l’Agriculture, ensuite au ministère des Mines et de l’Énergie. Il disparaît ensuite du Gouvernement et de la sphère politique et devient représentant Résident de la CEMAC au Tchad jusqu’à l’avènement de l’affaire dite « de Dillo ».

Cette dernière a débuté par une sortie critique sur les réseaux sociaux envers l’ex-première dame Hinda Deby Itno en 2020 alors que le pays était en pleine crise de Covid-19. Elle a pris une autre tournure quand des hommes armés, supposés appartenir à l’armée nationale, ont pris   d’assaut sa concession. Le bilan a fait état de plusieurs morts dont la mère de Yaya Dillo. Celui-ci entra alors dans la clandestinité jusqu’à la mort d’Idriss Deby Itno.

Yaya Dillo devint, depuis l’avènement de la transition politique au Tchad, le principal opposant. Avec son Parti politique, le PSF, ses critiques envers les dirigeants de la transition qu’il qualifiait de « junte » ne cessaient de pleuvoir. Ses prises de position, qui jusqu’à là pacifiques, prirent une autre direction quand des hommes armés enlevèrent l’un des Secrétaires Généraux du PSF, Abakar Torabi. En guise de représailles, selon un communiqué du Gouvernement, des membres de son parti ont attaqué les locaux de l’Agence Nationale de la Sécurité de l’État (ANSE). Une attaque qui s’est matérialisée par plusieurs cas de morts.

Le lendemain, le 28 février, des éléments des Forces de Défense et de Sécurité ont encerclé le siège du PSF au petit matin. Quelques heures plus tard, des tirs ont été entendus par le voisinage. Yaya Dillo serait touché et aurait succombé à ses blessures.

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