Le 1ᵉʳ janvier 2023, l’opposant Masra Succès a été nommé premier ministre de transition à la suite de la démission de Saleh Kebzabo, après la promulgation de la constitution de la 5ᵉ République. L’ancien opposant a du pain sur la planche quant à la composition de son gouvernement, mais surtout, la tâche qui l’attend. Va-t-il diriger le gouvernement à bon port, lui qui a longtemps critiqué la transition ?
La nouvelle était tombée ce lundi 1ᵉʳ janvier comme un coup de massue sur la tête des Tchadiens, rendant ainsi fin au suspens du feuilleton sur la nomination d’un premier ministre après la promulgation de la 5ᵉ République. Si de l’avis de certains, la nomination du leader des Transformateurs, Masra Succès est une surprise pour eux, de l’avis des autres, cette nomination a été perçue comme une épée de Damoclès dès lors que Succès Masra a signé l’accord dit de principe de Kinshasa.
Et pourtant, il n’y a pas si longtemps, Succès Masra traitait le gouvernement de transition d’illégal et de tous les noms d’oiseaux. Qui a cru que celui qui a jeté de l’opprobre à la transition allait être à la tête de son gouvernement ? C’est la politique, répondront quelques futés. Mais pourquoi refuser la main-tendue du chef de l’État lors de la deuxième phase de transition ? Ça aurait évité le bain de sang lors des manifestations du 20 octobre. « Je ne suis pas pour un poste nominatif. Je gagnais dix fois le salaire d’un premier ministre au Tchad », se gargarise-t-il. Mais avec cette nomination, il semble tomber si bas. On dirait que toute la lutte menée jusqu’au début n’a abouti à rien.
En acceptant le poste de premier ministre, lui qui a dénoncé le maintien d’une dynastie au pouvoir est désormais un acteur clé de cette transition. Car il va dorénavant exécuter l’ordre de Mahamat Idriss Déby Itno.
Celui qui hier a réfuté les résolutions du Dialogue national inclusif et souverain, va désormais travailler en appliquant ces résolutions. Il aura la lourde tâche de former un gouvernement de cohabitation qui répondra aux attentes des Tchadiens et surtout conduire ce gouvernement « dans la justice et légalité », comme il aime tant le prôner.