Avril 2021-mai 2024, voilà trois bonnes années que Mahamat Idriss Deby Itno accourt vers une légitimité. Très controversé du début de la transition jusqu’aux élections présidentielles, le nouveau Président élu a traversé des forêts et escaladé des montagnes pour acquérir une légitimité au Palais rose. Le jeudi, 23 mai, marque le début de l’ère MIDI fils au Tchad.
Le Tchad de la transition est révolu. Il appartient dorénavant à l’histoire et aux frustrés des Hautes Sphères de l’État tchadien. En effet, dans un océan de tourbillon naquit la transition tchadienne, elle y a vécu, et dans une querelle politique et une guerre de communication, elle s’en va. Au lendemain de la transition, lors des funérailles du Maréchal Idriss Deby Itno, la France, éternelle tutrice du pays de Toumaï, avait déclaré : « La France ne laissera personne remettre en cause ni menacer la stabilité et l’intégrité du Tchad. La France sera également là pour faire vivre sans attendre la promesse d’un Tchad apaisé pour l’ensemble de ses enfants ».
La transition tchadienne fut donc déclarée légitime, et ce, au grand dam de l’opposition politique, de la société civile et d’une partie de la population tchadienne. La classe politique a tout de suite indiqué qu’il s’agissait d’une volonté entretenue pour asseoir une dynastie sur le Tchad et que c’est la France qui a donné le coup d’envoi. La société civile apporta son soutien à l’opposition et de fil en aiguille, la résonance conduit le régime à réprimer gravement des manifestants pacifiques et le Tchad se retrouva à écrire, dans les manches de l’histoire, une page rouge, remplie de sang.
La transition tchadienne s’érigea ainsi en un maître qui a les coudées franches. Plusieurs cas de décès furent enregistrés le 20 octobre 2022. Un jeudi noir s’est saisi du Tchad et a créé chez la population un sentiment de méfiance vis-à-vis de Mahamat Idriss Deby Itno. Un an après, la société civile était toujours totalement interdite de toutes activités similaires, la seule entité politique de l’opposition vit son patron, Masra Succès, en exil alors que la transition tchadienne, sous la direction de Mahamat Idriss Deby Itno, battait son plein. Le sang des Tchadiens avait, une fois de plus, coulé et la terre en fut arrosée.
Un chemin qui n’arrivait toujours pas à sa fin pour le Président de Transition, Mahamat Idriss Deby Itno. Les accords de Kinshasa vinrent apaiser les choses. Masra Succès, la seule force politique de l’opposition sur les cinq dernières années, revint au pays natal et accepta la transition. Il en devint même membre en tant que Premier Ministre de la 5ᵉ République. Une République née d’un Dialogue National Inclusif et Souverain auquel Masra Succès avait refusé de participer.
Quelques mois plus tard, Masra Succès, Premier Ministre, et Mahamat Idriss Deby Itno préparent les élections présidentielles post-transition. Ce 09 mai 2024, le désormais ex-Président de Transition est devenu officiellement Président élu de la 5ᵉ République. Et ce, après un scrutin présidentiel qui s’est tenu le 06 mai 2024. Masra Succès en ressort malheureux comme l’ancien opposant et plusieurs fois membres du régime Deby, Pahimi Padacké Albert.
Ainsi, Mahamat Idriss Deby Itno qui, par une nuit fatidique d’avril 2021, devint Président de la transition tchadienne est maintenant le Président élu de la République du Tchad. Un Chef d’État sorti des urnes sous la direction de l’Agence Nationale de Gestion des Élections (ANGE).