Tchad : le collectif des médecins en instance d’intégration alerte sur l’urgence sanitaire nationale

Par une lettre ouverte rendue publique ce mardi 22 avril 2025, à N’Djamena, le Collectif des médecins en instance d’intégration a interpellé le président de la République, Mahamat Idriss Deby Itno. Ces médecins diplômés, au chômage depuis des années, exigent une intégration immédiate à la fonction publique, dénonçant une crise sanitaire profonde et un gaspillage dramatique des compétences médicales.

« Chaque jour perdu aggrave le bilan : la mort évitable d’un Tchadien est une défaite pour l’État », martèle le collectif dans une déclaration portée par son porte-parole, Dr Mahamat Brahim Dahab. Le message est clair : face à la pénurie criante de personnel médical dans les hôpitaux, l’État ne peut plus se permettre de laisser plus de 800 médecins diplômés sans emploi.

Le collectif dresse un tableau alarmant. Le Tchad affiche un ratio de 0,4 médecin pour 10 000 habitants, bien en deçà de la norme minimale de l’OMS fixée à 1 pour 10 000. Certaines provinces, selon leurs dires, ne comptent qu’un seul médecin pour des milliers de patients. Et pendant que les hôpitaux suffoquent, les jeunes médecins diplômés stagnent dans l’attente, leur diplôme jaunissant dans les tiroirs de l’administration.

Plus de 400 médecins ont quitté le service public depuis 2022, alertent-ils, attirés par des spécialisations ou l’exil. Résultat : des hôpitaux vides, des postes vacants, des populations livrées à une médecine de fortune.

Des engagements non tenus

Alors que des recrutements ciblés (FNDS, ONAJES) continuent pour d’autres secteurs, les jeunes médecins tchadiens, pourtant formés avec l’argent public, se sentent trahis. Le collectif évoque également les engagements pris lors du Forum national de la jeunesse, notamment la promesse de 5 000 recrutements dans la fonction publique, toujours en attente de concrétisation.

Ils réclament notamment l’intégration immédiate des médecins diplômés en attente ; un audit sanitaire national, avec une carte médicale équilibrée ; la mise en œuvre urgente des mesures promises pour l’emploi des jeunes.

Au cœur de leur message, le respect du droit fondamental à la santé. « Nous ne réclamons pas une faveur, mais l’application du droit fondamental à la santé. Le peuple tchadien mérite mieux. En votre qualité de garant de l’intérêt général, nous comptons sur votre leadership pour ordonner une intégration à la fonction publique des agents de santé en attente », conclut Dr Mahamat Brahim Dahab.

Dans un pays où les indicateurs sanitaires restent alarmants, cette interpellation relance le débat sur les priorités nationales, la gestion des ressources humaines dans la santé et la responsabilité de l’État face à ses citoyens.

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