Le 29 décembre 2023, Saleh Kebzabo démissionne de son poste de premier ministre. C’est, après la promulgation de la nouvelle Constitution par le président de transition. Lors de son passage à la tête du gouvernement, plusieurs événements se sont déroulés. Le Ndjam Post revient sur les principaux.
Saleh Kebzabo a rallié la transition dirigée par Mahamat Idriss Déby Itno. À la faveur du Dialogue national inclusif et souverain d’août 2022, il est nommé Premier ministre, chef du gouvernement d’union nationale en octobre 2022. Il a passé 14 mois à la tête du gouvernement avant de démissionner à la suite de la promulgation des textes de la 5ᵉ République. Une démission qui est conforme à la pratique républicaine et aux usages.
Durant les 14 mois à la Primature, la gouvernance de Saleh Kebzabo a été marquée par plusieurs faits. Les plus majeurs sont les évènements douloureux du 20 octobre, la crise énergétique, la crise sociale et l’organisation du référendum constitutionnel. Mais aussi, il y a la création du Cadre national de concertation des partis politiques et l’accord dit de principe, qui a permis le retour de Succès Masra au bercail.
Dès sa prise de fonction, il est confronté aux soulèvements populaires contre la prolongation de la transition à laquelle il est l’acteur majeur. Ainsi, le 20 octobre 2022, une coalition de plusieurs partis de l’opposition et de la société civile a appelé à une marche pacifique qui s’est dégénérée en un drame. Au soir du 20 octobre, Saleh Kebzabo évoquait « la soif de pouvoir de Succès Masra », origine, selon lui, de « cette tentative d’insurrection populaire armée ». Il a annoncé un bilan d’au moins cinquante de morts dont dix policiers.
Sur le plan énergétique, la situation n’est pas au top comme d’habitude. Le 07 janvier 2023, Saleh Kebzabo a abordé les axes stratégiques de sa politique et des grandes attentes de la population. « L’électricité, il y en aura. Peut-être pas 24h/24, mais pas loin de là. Mieux que ce qu’on a connu ». Malgré cette volonté à rehausser la couverture énergétique, le black-out persiste à N’Djaména et dans les provinces du pays.
La gouvernance de Saleh Kebzabo a été également marquée politiquement par le référendum constitutionnel qui est l’une des recommandations du dialogue national inclusif et souverain. D’abord par la mise en place de la Commission nationale chargée de l’organisation du référendum constitutionnel (Conorec) qui est largement critiquée par la classe politique, malgré la création du Cadre national de concertation des partis politiques (CNCP).
L’un des actes majeurs posés par le gouvernement de Saleh Kebzabo, est l’accord dit de principe de Kinshasa du 31 octobre 2023. Cet accord a permis au leader des Transformateurs Masra Succès de regagner le bercail après un an d’exil après les manifestations du 20 octobre 2022. Cet acte a permis de réaliser des avancées dans le processus de la réconciliation nationale.
Le gouvernement de Saleh Kebzabo a été marqué aussi par le limogeage d’un membre et la démission de deux autres. Djerassem Le Bemadjiel, ministre des hydrocarbures, a été remercié le 26 octobre 2023 par le président de transition. Même si les raisons de ce limogeage n’ont pas été révélées, certaines sources ont évoqué des malversations et une guerre d’intérêts. Quant aux deux autres ministres contraints à la démission, il s’agit de Haliki Mahamat Choua, ministre secrétaire général du gouvernement et Daoud Yaya Brahim, ministre des Armées, des anciens combattants et victimes de guerre. Tous deux étaient impliqués dans un scandale sexuel dont les vidéos étaient devenues virales sur les réseaux sociaux.
Tout compte fait, Saleh Kebzabo démissionne en pleine confrontation avec les enseignants qui sont en grève depuis deux mois. Cette crise a secoué son gouvernement.