Le Gouvernement du Tchad s’est engagé noir sur blanc à améliorer les conditions de vie des personnes en situation de handicap, en particulier celles à mobilité réduite, concernant leur accessibilité dans les services publics. Une des priorités du programme politique de Mahamat Idriss Deby Itno lors de la présidentielle des 05 et 06 mai derniers est consacrée à ces personnes. Malheureusement, force est de constater que jusque-là, elles sont toujours discriminées.
Au Tchad, les lois et les textes qui portent sur l’amélioration de la situation des personnes à mobilité réduite ne manquent pas. Mais leur application n’est que l’ombre d’elle-même, au grand dam de la population.
Bien que certains Ministères se soient mis à pied d’œuvre pour élaborer des programmes spécifiques pour divers groupes vulnérables, les gens vivant avec un handicap, notamment les handicapés moteurs, sont toujours sujets à différentes formes de discrimination. Sur 35 Ministères, moins de 4 ont des bâtiments qui permettent l’accès aux personnes à mobilité réduite conformément à la norme internationale.
Pourtant, des dispositifs juridiques et institutionnels, à l’instar du décret N°136/PR/MCFAS du 06 juin 1994 portant protection sociale des personnes handicapées, ont été mis en place. Mais dans les faits, la précarité de ces personnes est encore évidente. Les textes qui régissent leur protection ne trouvent grâce aux yeux de personne et elles continuent de subir leur handicap au quotidien.
En effet, la situation de handicap est un frein à l’insertion scolaire et socio-professionnelle. Les programmes de soutien dédiés à ces populations manquent et les infrastructures facilitant leur accès dans les services publics demeurent insuffisants. Pour preuve, les personnes avec un handicap moteur rencontrent toujours des difficultés pour accéder à certains bureaux. Même son de cloche concernant leur accès dans les salles de classe au sein des écoles. Les infrastructures abritant les services publics ne tiennent toujours pas compte de leur mobilité.
Selon Joachim Naïssem, un handicapé, plusieurs services publics et écoles ne sont pas accessibles pour eux. « On ne tient pas compte de notre situation dans les plans de construction. Et c’est partout. Que ça soit dans les hôtels où les services publics, nous sommes discriminés. C’est antisocial et inquiétant », a-t-il déploré.
Rémadji Nadège, quant à elle, souligne qu’il faut une sensibilisation générale, y compris au sommet de l’État. « Nous sommes considérés comme des laissés pour compte. Comme on est représenté que dans les filouteries, on est marginalisé. Pourtant, dans les grandes nations, on est privilégié dans toutes les décisions et actions », a-t-elle signifié.
Quant à la question des normes et infrastructures respectant la situation des personnes à mobilité réduite, c’est un silence de cimetière du côté des cadres du Ministère concerné. L’intégration sociale et professionnelle de ces personnes représente un défi important au Tchad. Toute chose qui vient renforcer la précarité, l’isolement, la marginalisation, le chômage et l’exclusion sociale des personnes vivant avec un handicap dans le pays est à éradiquer.
En rappel, après analyse, les résultats ont montré que dans l’ensemble, 3,5% de la population tchadienne présente au moins un handicap dont 4 % chez les hommes et 3 % chez les femmes.