Le paysage médiatique tchadien est confronté à un phénomène inquiétant : l’émergence incontrôlée de pages Facebook se présentant comme des organes de presse. Sans rédaction structurée, sans respect des règles déontologiques du journalisme, ces plateformes inondent l’espace numérique d’informations non vérifiées, de rumeurs et parfois de pure désinformation.
Cette confusion fragilise la crédibilité des véritables médias, soumis à des exigences de rigueur et d’éthique. Aujourd’hui, n’importe qui peut créer une page, s’auto-proclamer journaliste et diffuser du contenu, souvent motivé par le sensationnalisme plutôt que par la quête de vérité. L’absence de réglementation favorise cette anarchie informationnelle, mettant en péril le droit du public à une information fiable.
Les conséquences sont multiples. La confiance des citoyens envers les médias s’effrite, la désinformation alimente les tensions sociales, et le travail des professionnels de l’information est décrédibilisé. Cette situation impose une réaction urgente.
Les médias établis doivent redoubler d’efforts pour affirmer leur sérieux et leur indépendance. Le public, lui, doit apprendre à identifier les sources crédibles et à exercer un esprit critique face aux contenus qui circulent. Quant aux autorités, elles doivent encadrer l’espace numérique sans pour autant restreindre la liberté d’informer. L’avenir du journalisme au Tchad en dépend.
Sofia Lucienne, journaliste indépendante, étudiante tchadienne en Master à l’ESSTIC de Yaoundé