Les tout petits enfants qui se placent aux bords du goudron au marché de Dembé, demandant les jetons aux passants, sont plus souvent envoyés par leurs proches. Leur activité constitue à mendier à longueur de la journée, pourtant leur place est dans les salles de classe.
Ils sont âgés de 5 ans à 10 ans et plus. Pieds nus, habillés en petite robe déchirée, des foulards à la tête pour les filles. Quant aux garçons, ils sont habillés en djellaba, ou en culottes et t-shirt tacheté de rouges et noirs. Ces enfants se placent aux bords de goudron en demandant de l’argent aux passants. Certains d’entre eux poursuivent même les passants en criant « s’il vous plait, aidez-nous les enfants avec 50 F et 100 F, Allah vous le rendra au centuple », en arabe tchadien.
Ces gosses ne sont pas scolarisés. En réalité, ils ne savent même pas ce que c’est que de s’asseoir sur un table-banc dans une salle de classe entouré des camarades et d’un enseignant. Mariam, âgé de huit ans, nous a confié que, ce sont les parents qui les demandent de mendier. « Mon boulot, c’est mendier tous les jours. Il y a des passants gentils qui nous donnent de l’argent, et d’autres nous chassent quand on les approche. En fin de journée, on rend compte aux parents de ce qu’on a reçu », a-t-elle témoigné.
Ces enfants qui, au lieu d’être à l’école, sont exposés à des risques tels que l’accident de voie publique et d’enlèvement. Généralement après la mort des géniteurs, plusieurs aînés, parents, proches ou connaissances ayant bénéficié de la garde d’un ou plusieurs enfants, préfèrent plutôt les initier au métier de la mendicité, bien qu’étant en âge de scolarisation. Certains préfèrent l’enseignement coranique au profit de la scolarisation.
Selon un parent qui a préféré garder l’anonymat, « ce n’est pas pour leur faire du mal, c’est plutôt pour les former à être des hommes battants de demain et être forts face aux obstacles de la vie », dit-il. Certains parents, conscients de l’importance de l’école dans l’éducation des enfants, condamnent fermement cette attitude des tuteurs qui encouragent les enfants à mendier. Une vendeuse des parfums rencontrée au marché de Dembé se lamente de ce que ses enfants vivent au quotidien en demandant de l’argent. « Comment les parents peuvent laisser les plus beaux cadeaux que le bon Dieu nous a donnés et les sacrifiés pour les miettes. J’ai mal au cœur quand je vois ses enfants innocents qui mendient en longueur de journée. Vraiment ça fait pitié, la place de ces derniers est à l’école et non à la rue », s’est-elle indignée.
Curieusement, les responsables de cette odieuse pratique semblent endosser cet acte à la religion. Alors que, la religion et notamment celle musulmane condamne cette pratique. L’islam condamne la mendicité avec la dernière énergie. C’est donc à L’État tchadien de créer des centres de réinsertions pour ces enfants sans repère.