Tchad: ce monument qui immortalise Kelou Bital Diguel, symbole de la beauté tchadienne

Placée entre le musée et la bibliothèque, la statue qui est le portrait de Kelou Bital Diguel, cette femme symbole de la beauté tchadienne, est l’un des plus grands monuments du Tchad. De son nom de naissance Akhayé Adoum Dahalob, « Kelou la fille de Diguel », cette vendeuse de lait, photographiée pendant la période coloniale par un français, devient ainsi un symbole national et le reflet de la beauté tchadienne.

La statue construite dans ces lieux gages de la diversité culturelle tchadienne, est le portrait d’une jeune fille originaire de Toukra, un village situé au sud de N’Djamena. Elle est née vers 1911 et décédée le 05 janvier 1997 à Toukra, nous informe Arnaud Dingammadji de Parsamba, auteur du livre intitulé On l’appelait Kelou Bital Diguel. « Elle avait été photographiée le jour de la proclamation de l’indépendance en plein marché de N’Djamena par un coopérant français. Lequel photographe, Robert Carmet, a été attiré par les tresses de la jeune femme », nous informe une jeune fille qui se photographiait à côté de ce monument au musée national.

Du vivant de la fille de Diguel, sa photo a été proposée au premier président de la République du Tchad, Ngarta Tombalbaye comme un symbole pour incarner notamment la beauté de la femme tchadienne. Et c’est ainsi que son image fut choisie pour être l’un des sceaux figurant sur les armoiries de la République et sur des cachets administratifs publics au Tchad. Dans la même démarche, une statue d’elle fut également implantée dans la cour du musée national à N’Djamena. Et ce, dans le but de rendre hommage à la femme tchadienne et aux gens ordinaires.

Le choix de l’image de Kelou comme sceau de l’État, est un hommage rendu à la femme tchadienne en tant que symbole sacré de la société. Il s’agit de l’honorer en tant que mère de la nation et mère nourricière.

« Issue de la famille régnante de Toukra, un village à la sortie sud de N’Djamena, Kelou Bital Diguel est la fille unique de Akhayé Adoum Dahalop, le chef dudit village. Dans la tradition des arabes Choua, l’ethnie du Tchad dont elle est issue, si une fille naît au milieu des garçons, elle est appelée Kélou ou Akhayé. Elle n’a pas dérogé à cette règle, s’appelant à la fois Kelou, ou Akhayé. Kelou Bital Diguel signifie Kelou, fille de Diguel, en référence au village de son premier mari », explique Arnaud Dingammadji.

Il faut aussi ajouter que Kelou la fille de Diguel a été décorée chevalier de l’ordre du mérite civique du Tchad, à titre posthume le 14 décembre 1997 par le président Idriss Deby Itno. Et ce, alors qu’elle vivait à quelques mètres des différents Palais Présidentiels consécutifs du Tchad, à N’Djamena. Aussi, ces photographies occupent une place de choix au sein des objets de valeur historique et culturelle exposée au musée national. Son parcours est transmis dorénavant dans les arènes de l’histoire du Tchad. Car Arnaud Dingammadji, homme de lettres et culture, lui a consacré un ouvrage : On l’appelait Kelou bital Diguel.

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