Le gouvernement tchadien a fermement rejeté les accusations formulées par l’ONG Human Rights Watch dans un rapport publié le 6 août 2024, faisant état de graves violations des droits humains à la prison de Koro Toro. Selon le rapport, au moins onze manifestants seraient morts de soif lors de leur transfert de N’Djamena à cette prison, juste après les manifestations du 20 octobre 2022. Le ministre des Affaires étrangères et porte-parole du gouvernement, Abderamane Koulamallah, a qualifié ces allégations de « complètement mensongères » et a annoncé une contre-enquête.
Interrogé par Radio France Internationale (RFI), Abderamane Koulamallah a insisté sur le fait que le gouvernement tchadien prendra des mesures pour contredire ce rapport et envisage même de poursuivre Human Rights Watch en justice pour diffamation. « Les propos tenus sont diffamatoires et inadmissibles pour notre gouvernement. Nous allons mener notre propre enquête et présenter des témoins qui réfuteront ces allégations mensongères », a-t-il déclaré.
Le rapport de Human Rights Watch se fonde sur les témoignages de 72 anciens détenus de Koro Toro, dénonçant des conditions de détention inhumaines, des actes de torture et des décès causés par le manque de soins. Selon l’ONG, le nombre de morts dans cette prison dépasserait les 300, un chiffre largement supérieur aux 73 décès reconnus par le gouvernement tchadien. La Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), de son côté, évoque 128 morts et 12 disparus.
Abderamane Koulamallah a également réfuté les affirmations selon lesquelles une jeune fille mineure aurait été détenue à Koro Toro. « Il n’y a qu’une seule femme qui a été arrêtée et elle a été transférée à la prison de Klessoum pour sa sécurité », a-t-il précisé.
Le ministre a assuré que les personnes arrêtées après les manifestations d’octobre 2022 ont été traitées avec dignité et ont bénéficié de tous leurs droits. « Elles ont été transférées dans des conditions humaines et acceptables, et aucune d’entre elles n’est décédée durant le trajet », a-t-il affirmé.
Ce bras de fer entre le gouvernement tchadien et Human Rights Watch met en lumière les tensions persistantes autour des questions de droits humains au Tchad, où les conditions de détention et la gestion des prisonniers restent des sujets de préoccupation pour les observateurs internationaux. Le rapport de l’ONG, fondé sur des témoignages directs, contraste fortement avec les démentis officiels, laissant planer des doutes sur la réalité des faits à Koro Toro.