Beaucoup la connaissent avec la casquette de la journaliste présentatrice vedette à la télévision nationale tchadienne. Mais peu la connaissent comme première athlète tchadienne de l’histoire à participer aux Jeux Olympiques. Le N’Djampost revient sur son parcours sportif.
L’histoire d’amour entre le sport et Rosalie Baguepeng est née d’il y a 34 ans sur le terrain de sport du lycée Félix Eboué de N’Djamena en classe de 6ᵉ. En effet, c’est en 1990 qu’elle a été détectée par son maître d’Éducation Physique et Sportif (EPS) lors d’un texte de 600 mètres. « C’était la toute première fois que je courais et j’étais arrivée en tête. C’est de là que mon histoire en sport a commencé. Après la course, il s’est approché de moi et m’a posé quelques questions. Il voulait savoir si j’avais quelqu’un dans la famille qui est athlète, j’ai dit non », raconte-t-elle.
Au vu de la performance de Rosalie Baguepeng aux 600 mètres, son maître d’EPS lui a proposé de rejoindre le stade Idriss Mahamat Ouya pour les entrainements afin de devenir athlète. Une proposition que Rosalie a acceptée sous réserve de l’approbation de sa famille. Si la jeune fille a accepté cette proposition, son papa ne l’entend pas de cette oreille. « Quand je suis venu vers mon père pour lui dire que mon maître d’EPS me sollicite pour une carrière en athlétisme, il m’a répondu non. Tu vas porter des culottes là ! Non, pas ça ! Pas de culotte, pas de pantalon », se remémore encore la première athlète tchadienne à participer aux Jeux Olympiques.
Mais avec le travail des membres de la Fédération Tchadienne de l’Athlétisme de l’époque qui se sont rendus à domicile pour parler au père, ils ont pu convaincre le père à laisser Rosalie pratiquer l’athlétisme. Ainsi, elle a été envoyée en France la même année de sa détection pour un stage d’un mois. De fil à aiguille, elle a percé en athlétisme en participant au Championnat d’Afrique de 1990 et 1991 en Égypte, les Jeux d’avenir de Paris en 1991 et le Championnat du monde de 1991 à Tokyo au Japon.
En 1992, Rosalie a obtenu une bourse pour Poitiers en France pour préparer les Jeux Olympiques de Barcelone de 1992. La discipline de Rosalie Baguepeng entre temps était le 800, 1500 mètres et le semi-marathon. Elle a battu le record en 21 km où elle a fait 1 heure 17 secondes.
« Je détenais aussi le record du Tchad de 800 mètres avant que Kaltouma ne batte ce record »
Avec son abnégation et sa foi dans l’athlétisme, Rosalie arrive à être la première athlète à participer aux Jeux Olympiques dans l’histoire du Tchad. Quand on lui pose la question de savoir ce que ça fait d’être la première athlète tchadienne à participer aux Jeux Olympiques, Rosalie de répondre avec enthousiasme et nostalgie : « c’était comme un rêve. Je me suis dit est-ce réellement moi ? Ce qui m’a marqué pendant cette année de préparation de JO, c’étaient les encouragements du staff où j’étais admise pour la préparation. J’étais très bien encadré par mes entraineurs et quand je suis arrivée à Barcelone pour les Jeux Olympiques où la délégation tchadienne était venue me rejoindre », se souvient-elle.
Malheureusement pour l’athlète, aux Jeux Olympiques de Barcelone 1992, elle n’a pas pu terminer sa course. « Avec les bousculades et autres, j’étais tombée. On est venu me relever, mais j’ai fait quand même une très bonne performance au niveau de 1500 mètres », lâche-t-elle.
Après les Jeux Olympiques de Barcelone 1992, la carrière sportive de Rosalie ne s’est pas arrêtée là. elle a participé à plusieurs compétions sous régionales et internationales. Ainsi, en 1994, elle a participé aux Jeux de la francophonie en France en 1994, les Jeux Africains du Zimbabwe en 1995, le Marathon d’Abidjan, le Championnat d’Afrique Centrale à Yaoundé, entre autres.
Dans son palmarès, Rosalie Baguepeng fut la vice-championne d’Afrique Centrale de 800 et 1000 mètres. « Je détenais aussi le record du Tchad de 800 mètres avant que Kaltouma ne batte ce record. Il y’a seulement 2 ans, mon record du semi-marathon a été battu par Farida, une jeune athlète », dit-elle.
Du terrain d’athlétisme à la télévision
Si le sport est venu à la rencontre de Rosalie Baguepeng, le journalisme était son rêve d’enfance. Elle voulait devenir journaliste comme Dillah Lucienne, la présentatrice du journal à la télévision nationale de l’époque. Mais son parcours en athlétisme ne l’a pas empêché d’assouvir sa soif en journalisme, elle qui prenait Dillah Lucienne comme son idole. La transition entre l’athlétisme et journalisme n’était pas compliquée « parce que depuis mon enfance, je voulais être journaliste. Dieu a fait que je devienne athlète »
Mais c’est réellement en 1998, après son mariage, que Rosalie a laissé l’athlétisme, mais pas pour abandonner le sport. Elle s’est inscrite à l’École de journalisme de Niamey au Niger pour réaliser son rêve. Familière du terrain de sport, Rosalie veut toujours garder le contact avec les sportifs étant dans le journalisme. « C’est dans le but de devenir chroniqueuse sportive et être coach sportive, toujours à me retrouver au stade parce que c’était le monde qui me plaisait », lance-t-elle.
Après l’exercice du métier du journalisme, ses supérieurs l’ont trouvé mieux dans la présentation du journal, c’est pourquoi elle est devenue, depuis avril 2010, présentatrice du journal en français à la télévision nationale.
Bien que n’étant pas sur la piste d’athlétisme, Rosalie donne son point de vue sur le sport tchadien. « Les athlètes qui sont là actuellement n’ont pas d’infrastructures. Aujourd’hui, dans tout le Tchad, il n’y a pas un stade qui a vraiment une piste d’athlétisme pour permettre aux athlètes de s’entraîner et de faire de compétition pour pouvoir améliorer leurs performances », dit-elle.
Tout son désir ardent est que le ministère de la Jeunesse et des sports mettra le paquet. « On espère qu’avec le stade de Mandjaffa qui est un stade omnisports, je pense que les athlètes auront la chance de se perfectionner, de s’entraîner et de pouvoir réaliser de meilleures performances ».