L’escalade militaire dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), avec la prise vendredi, 14 février 2025 d’une ville stratégique par le groupe armé M23 soutenu par le Rwanda, a bousculé l’agenda du sommet des chefs d’Etats de l’Union africaine qui se tient ce week-end dans la capitale éthiopienne, en l’absence du président congolais Félix Tshisekedi.
Dans l’Est de la RDC, le groupe armé M23 (« Mouvement du 23 mars ») soutenu par le Rwanda a pris fin janvier le contrôle de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu, avant de progresser dans la région voisine du Sud-Kivu. Vendredi, le M23 et les troupes rwandaises ont pris le contrôle de l’aéroport de Bukavu, la capitale du Sud-Kivu, site stratégique, où étaient positionnées les forces armées congolaises. Puis, selon des sources sécuritaire et humanitaire, une avant-garde a pénétré dans la ville par ses quartiers nord-ouest.
La chute imminente de Bukavu, déjà tombée en 2004 aux mains de soldats dissidents de l’armée congolaise, donnerait au M23 et aux troupes rwandaises le contrôle total du Lac Kivu, qui s’étire le long de la frontière rwandaise. En face, l’armée congolaise est notamment soutenue par des troupes sud-africaines et burundaises. Environ 4.000 militaires rwandais interviennent dans l’Est de la RDC, selon l’ONU.
Depuis la récente intensification du conflit, et alors que Kinshasa réclame en vain des sanctions internationales contre Kigali, les appels de la communauté internationale à une désescalade et à un cessez-le-feu se sont multipliés, notamment de la part des dirigeants d’Afrique de l’Est. Mais ils sont restés lettres mortes.
Félix Tshisekedi n’a pas pris part à une réunion du Conseil paix et sécurité de l’UA vendredi et était à une conférence sur la sécurité, organisée à Munich, d’où il a dénoncé les « velléités expansionnistes » du Rwanda et appelé à le « mettre à l’index ». Il était initialement annoncé présent au sommet des chefs d’Etats ce week-end, mais y a finalement renoncé.
L’UA a été critiqué dans certaines de ses positions, jugées trop timorées et favorables à Kigali. Certains communiqués du président sortant de la Commission de l’UA, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, qui, s’ils appelaient à la fin des combats, ne mentionnaient pas le Rwanda. « L’UA n’a aucun pouvoir dans ce conflit et est spectatrice », pointe du doigt auprès de l’AFP Thierry Vircoulon, de l’Institut français des relations internationales (Ifri).