La Bilibili est une boisson locale et traditionnelle consommée le plus au Tchad. Sa vente est une activité à travers laquelle des femmes pratiquent pour survivre. Autrefois, cette boisson se préparait naturellement, mais ces derniers temps, certaines femmes font usage de la sucrette lors de la préparation. Le N’djampost a fait un tour dans quelques points de vente de la ville de N’Djamena pour plus de détails.
De la zone urbaine en passant par la zone rurale, la vente de la Bilibili est une pratique fréquente. Elle est préparée à base du mil rouge (sorgho) dans un processus de préparation qui nécessite du courage et de la patience. Dans une cabane au quartier Walia dans le 9ᵉ arrondissement, Madjimta, une vendeuse de Bilibili, s’attèle à ce qui est son activité quotidienne, la vente de la boisson traditionnelle. Tout autour d’elle, des hommes et des femmes sont venus siroter cette boisson, chacun tenant sa calebasse.
Cette boisson se prépare naturellement à base du sorgho rouge, mais ces derniers temps, certaines femmes font usage de la sucrette pour la préparation. Sa commercialisation est une activité génératrice de revenu pour les femmes. Pour Yankimadje, une vendeuse, la préparation de la Bilibili est un long processus. « C’est au 2ᵉ jour de la cuisson que je mets la sucrette pour ne pas laisser cuire la Bilibili comme il se doit. L’utilisation de la sucrette me permet de rendre la boisson sucrée afin d’avoir plus de la clientèle et de bénéfice lors de la vente », reconnait-elle. Selon elle, le fait de préparer la Bilibili avec de la sucrette favorise rapidement la cuisson, mais aussi cela génère de bénéfice.
Bien que la cuisson de la Bilibili avec de la sucrette attire la clientèle, cependant, elle n’est pas sans risque sur la santé des consommateurs. « Je prenais de la Bilibili avec une voisine en grande quantité, mais à un moment donné, je ne me sentais pas bien, j’avais toujours de malaise et je me suis rendue à l’hôpital pour des examens. Le médecin me fait savoir que j’ai un taux de sucre élevé et lui-même était surpris. Car il me suivait de près. Entre-temps, des rumeurs circulaient comme quoi, cette femme prépare sa boisson avec de la sucrette« , témoignage Françoise, une victime.
Pour le nutritionniste Aminga Salina, l’utilisation de la sucrette dans la boisson locale peut apporter des changements au goût et la texture. II poursuit que sa consommation abusive n’est pas sans risque sur la santé de l’homme. « la sucrette est un édulcorant artificiel comme substitut du sucre, recommandée le plus souvent aux personnes diabétiques pour augmenter leur taux de glycémie et aux personnes obèses pour contrôler leur poids. Elle peut aussi être consommée par des personnes bien portantes, mais de façon modérée, sinon elle peut causer certaines anomalies telles que les caries dentaires, le diabète, l’obésité et bien d’autres chez les personnes adultes et enfants ».
Selon lui, la consommation de la sucrette peut également obstruer les voies respiratoires. Ce qui provoque les difficultés respiratoires et les étouffements, lorsqu’elle n’est pas diluée, chez certains enfants et personnes âgées.
Pour lutter contre cette pratique, il sera judicieux de sensibiliser non seulement les femmes vendeuses de la Bilibili, mais aussi les vendeurs des jus d’oseille, yaourt et autres, sur les risques liés à la santé humaine afin de sauver des vies. Car, elles ne sont les seules à utiliser cet édulcorant dans leurs préparations.
Allahigam Lydie (Stagiaire)